Le syndrome du choc acoustique : un mal qui touche les centres d’appel

Cet article provient du site du syndicat de salariés CFTC

 

SANTÉ AU TRAVAIL – Encore mal identifié, le syndrome du choc acoustique se répand avec la multiplication des centres d’appel. Jean, ex-téléconseiller et adhérent CFTC depuis 18 ans, nous livre sa douloureuse expérience. « À 43 ans, je subis ma seconde intervention chirurgicale consécutive à un syndrome du choc acoustique. J’ai perdu tant de temps ! Pendant un an, on m’a soigné à coups d’Ibuprofène et de corticoïdes ! Les généralistes connaissent mal ce phénomène… Je veux aujourd’hui en parler pour que personne ne vive ce que j’ai traversé. »  

Comme environ 273 000 autres salariés en France, Jean a travaillé dans un centre d’appel, du secteur banques et assurances. 

« Pendant 5 ans, je démarrais ma journée un peu avant 8h30, je la terminais à 17h30. Nous étions 4 collègues dans un open space d’environ 20 m2à pratiquer cette activité commerciale par téléphone. Pour avoir une conversation intelligible avec mes interlocuteurs, je me suis mis à augmenter le volume du casque. Il fallait que je couvre les propos de mes collègues, sans parler des allées et venues dans notre bureau. »  

« Vous lâchez tout ! Vous sortez, car c’est insupportable »

Au cours de son travail, Jean subit plusieurs chocs acoustiques. Dans ce cas, relate-t-il, « vous lâchez tout ! Vous sortez, car c’est insupportable ». Problème, aucune salle de pause dédiée et calme n’est prévue – même les toilettes sont extrêmement bruyantes, avec des sèche-mains de première génération. D’ailleurs, concernant les pauses, rien n’est institué. « Autre contrainte forte : ce qu’on appelle le « warm-up », ce temps écoulé entre deux appels. Une sorte de cadence à tenir, si vous préférez. Le mien était de 3 secondes. » En 2014, le choc de trop se produit : un appel sortant vers un fax

Un diagnostic qui n’est pas évident

De là, s’ensuit pour Jean un véritable parcours du combattant s’agissant d’identifier ce dont il souffre et d’être soigné. « Le syndrome du choc acoustique se manifeste de diverses manières. Moi, j’ai souffert d’otalgie (douleur de l’oreille), d’acouphènes (bruits « parasites » entendus sans qu’ils existent réellement tels les sifflements ou bourdonnements), d’hyperacousie invalidante (hyperfragilité de l’ouïe), maux de tête, vertiges… Je croyais que j’étais seul à souffrir. Plus tard, en échangeant avec mes anciens collègues, je me suis aperçu qu’ils souffraient de douleurs articulaires à la mâchoire. Or, c’est aussi l’un des symptômes, appelé syndrome de Sadam. Tout comme l’irritabilité ou l’anxiété. Nous en souffrions tous en fait. Travailler à ce genre de poste, c’est comme rester en « boîte » quelques heures : vous ressortez et vos oreilles bourdonnent, elles sont « bouchées ». Vous vous reposez et la gêne ressentie finit par passer – avec de plus en plus de temps. Et puis, un jour, ça ne passe plus, et là, c’est la panique. » 

Sans la connaissance de ce phénomène, Jean se voit réaffecté à des postes inadaptés et bruyants – à l’accueil, à la gestion des coffres et des valeurs. « Le poste de téléconseiller n’était pas qualifié comme dangereux ou présentant de risques particuliers. Sinon, je n’aurais pas signé ! Aucun de mes anciens collègues n’occupe encore ce poste, il y a un turn-over énorme. Il semble plus simple de changer les hommes plutôt que de pousser les cloisons de la plateforme téléphonique… », conclut-il. 

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