Le salarié qui accepte une offre de l’employeur peut-il revenir en arrière ?

Lorsqu’un employeur fait une proposition à un salarié et que ce dernier l’accepte, seul l’employeur peut revenir en arrière en se prévalant de l’expiration de l’offre ou de l’absence de pouvoir de son mandataire. C’est ce que vient de juger la chambre sociale de la Cour de cassation dans un arrêt daté du 30 mai 2018

Cette décision a été rendue dans le cadre d’une affaire impliquant un salarié de la société Accor. Ce salarié a signé, le 1er octobre 1992, un accord fixant les conditions de son indemnisation en cas de départ du groupe. Puis, une nouvelle offre a été émise le 16 décembre 1996 : cette offre proposait de nouvelles conditions d’indemnisation. Le salarié l’a acceptée le 16 juin 1998, soit un an et demi après son émission par l’employeur. Mais au moment de son départ à la retraite en 2006, le salarié a refusé d’appliquer l’offre de 1996, préférant l’accord de 1992, probablement plus favorable. Malheureusement pour lui, ses arguments n’ont pas convaincu le juge. 

 

Le salarié qui accepte une offre est lié à la position de son employeur

Le salarié partant à la retraite conteste l’application de l’offre acceptée en 1998 pour deux raisons. La première est le changement de gouvernance de la société Accor en 1997 qui aurait rendu caduque l’offre émise en 1996. Le juge considère toutefois que dès lors que la nouvelle direction du groupe n’a ni rétracté, ni dénoncé l’offre avant son acceptation par le salarié, l’offre demeure valide. Il faut donc en déduire que le salarié ne peut pas considérer qu’un changement de direction annule l’offre : seule la direction a ce pouvoir d’annulation tant que l’offre n’est pas acceptée par le salarié. 

La seconde raison invoquée par le salarié est l’expiration de l’offre entre 1996 et 1998. En effet, l’offre émise en 1996 n’avait pas de date butoir, sa validité devrait donc être vérifiée, d’après le salarié, au jour de l’acceptation. Or, le salarié affirme que les personnes à l’origine de l’offre n’avaient plus, en 1998, qualité pour engager la société Accor : cela aurait dû, selon le salarié, faire expirer l’offre émise en 1996. Cependant, là encore, la Cour de cassation s’en remet à l’appréciation de la direction de l’entreprise. Elle seule a le pouvoir de “se prévaloir d’un délai d’expiration de l’offre ou de l’absence de pouvoir du mandataire“. Tant que l’entreprise ne considère pas que l’offre a expiré ou que le mandataire n’a plus le pouvoir requis, avant acceptation par le salarié, celle-ci reste valable. 

Il ressort donc de cette décision que le salarié n’aurait pu contester l’application de l’offre acceptée en 1998 qu’à certaines conditions : il aurait fallu que l’entreprise ait rétracté ou dénoncé l’offre avant acceptation, ou alors il aurait fallu que l’entreprise mette en avant l’expiration de l’offre ou l’absence de pouvoir du mandataire à l’origine de l’offre. Finalement, le salarié qui accepte une telle proposition reste dépendant de la position de son entreprise qui en est l’émettrice. 

Retrouvez l’intégralité de la décision en suivant ce lien

Ajouter aux articles favoris

Conformité CCN en santé

Pour vous aider à gérer la conformité CCN de vos offres "santé standard", profitez de notre outil en marque blanche gratuitement en 2023. L'outil vous permettra de savoir, en un clic, le niveau de votre offre compatible avec la CCN que vous aurez sélectionnée. L'outil en marque blanche est relié à la base de données CCN de Tripalio, juridiquement certifiée et mise à jour en temps réel. Il bénéficie de notre algorithme de comparaison qui détecte les non-conformités du contrat santé standard.
Demandez votre outil
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

ACPR : en 2023 le ratio combiné de l’assurance santé diminue

L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) publie son étude sur la situation des organismes d'assurance soumis à la directive Solvabilité II en 2023. La situation a tendance à être favorable en général mais un focus sur la couverture santé montre que cette activité reste sur la corde raide après quelques années très compliquées depuis la crise sanitaire. ...
Lire plus

Esat : le décret tant attendu reste absent du dernier JO du gouvernement Attal

Les organismes complémentaires d'assurance maladie (Ocam) qui proposent des contrats d'assurance santé aux établissements ou services d'aide par le travail (Esat) vont être déçus. Le décret censé préciser les derniers détails de la complémentaire santé collective en faveur des travailleurs handicapés est absent du dernier Journal officiel du gouvernement Attal. ...

Le Groupe VYV remporte l’appel d’offres d’Erasmus+

L'agence Erasmus+ France vient de retenir la proposition du Groupe VYV, parmi un total de 6 dossiers reçus, pour assurer sa complémentaire santé collective. D'une valeur de près de 3 M€, le marché a été conclu le 13 juin 2024. Sa durée prévisible est de 6 ans avec une entrée en vigueur rétroactive au 1er juin 2024 d'après l'appel d'offres initial. Retrouvez l'...
Lire plus

Les garanties santé dynamiques de la nouvelle CCN de l’évènementiel

La toute jeune convention collective nationale (CCN) unifiée des entreprises au service de la création et de l'évènement améliore significativement les garanties santé au bénéfice des salariés. Toujours identifiée sous l'IDCC 2717, cette convention rassemble également les entreprises couvertes initialement par les CCN relevant des IDCC ...
habillement et mercerie
Lire plus

Frais de santé : le commerce de gros de l’habillement, mercerie et jouet rehausse ses cotisations

Il y a quelques jours, nous faisions état de la parution d'un avis d'extension d'un avenant frais de santé récemment signé dans la CCN du commerces de gros de l'habillement, mercerie, chaussure et jouet. Comme nos lecteurs pourront le constater en prenant connaissance de cet avenant, reproduit en fin d'article, il porte sur une hausse des cotisations au régime conventionnel...

Les Affaires Sociales veulent étudier le rapport des retraités à la CSS

Le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, ainsi que le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques viennent de lancer un appel d'offres portant sur la réalisation d'une étude relative au rapport que les retraités à faibles ressources entretiennent avec la complémentaire santé solidaire (CSS). L'appel d'offres est disponible sur le portail internet des marchés publics et les réponses sont attendues avant le 10 septembre prochain. Plus de détails : ...