Cette publication est issue du site du syndicat de salariés FO.
La campagne de l’OIT « 50 for freedom », (50 pour la liberté), en partenariat notamment avec la Confédération syndicale internationale, est un succès. Ce sont désormais 51 pays qui s’engagent à prendre des mesures de lutte contre le travail forcé.
Cinquante ratifications valent la peine d’être célébrées, mais il nous en faut bien davantage. C’est ainsi que Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a accueilli la nouvelle. Le 17 mars, le Soudan est devenu le cinquantième pays à ratifier le Protocole de 2014 de l’Organisation internationale du travail (OIT) relatif à la convention (n°29) sur le travail forcé (adoptée en 1930). Le lendemain, 18 mars, le Luxembourg le ratifiait aussi, portant à 51 le nombre de signatures. Atteindre au moins 50 ratifications, tel était l’objectif que s’était fixé l’OIT pour cette campagne lancée en collaboration avec l’OIE (l’Organisation internationale des employeurs) et la CSI (la Confédération syndicale internationale). Par ce protocole, instrument juridique contraignant qui a valeur de traité international, 51 pays, pour l’instant (dont la France qui l’a ratifié le 7 juin 2016), s’engagent à prendre des mesures efficaces pour prévenir le travail forcé, protéger ses victimes et garantir leur accès à la justice et à la réparation, souligne le directeur général de l’OIT, Guy Ryder. Reste que de nombreux autres pays, dont de grandes puissances (États-Unis, Japon ou Chine), n’ont pas encore ratifié le Protocole.
Toutes les entreprises doivent s’engager
Par ailleurs, indique le secrétaire général de l’OIE, Roberto Suarez-Santos, la ratification à elle seule ne suffit pas. Cela suppose un effort commun à l’échelle mondiale, y compris de la part du secteur privé. Toutes les entreprises doivent s’engager de manière claire et concrète pour éradiquer le travail forcé.
En 2016, à l’échelle mondiale, 40,3 millions de personnes étaient victimes de l’esclavage moderne dont 24,9 millions du travail forcé, rappelle l’OIT. Parmi ces dernières, 16 millions sont exploitées dans le secteur privé, comme le travail domestique, la construction ou l’agriculture ; 4,8 millions sont victimes d’exploitation sexuelle et 4 millions sont astreintes à des travaux forcés imposés par les autorités publiques. Les femmes et les filles sont disproportionnellement touchées par le travail forcé.
Alors que la pandémie aggrave la situation de ces travailleurs vulnérables, privés de protection sociale, il est d’autant plus urgent qu’un maximum de pays ratifient le Protocole et le mettent en application.
Qatar : un salaire minimum non discriminatoireUn nouveau salaire minimum mensuel, sans discrimination de nationalité, est en vigueur depuis le 20 mars au Qatar. De l’inédit dans la région note l’OIT, estimant à 400 000 (20 % de la main-d’œuvre du secteur privé) le nombre de travailleurs concernés par la mesure. Le sont particulièrement les travailleurs immigrés dont la plupart sont employés de maison ou ouvriers sur les chantiers de la Coupe du monde de football de 2022. Les employeurs doivent désormais fournir nourriture et logement à leurs salariés ou leur verser une allocation, et le salaire minimum est porté à 1 000 riyals (232 euros contre 173 euros auparavant), soit un euro l’heure… Lorsqu’au Qatar, le revenu mensuel moyen par habitant se situe autour de 4 400 euros par mois.