Si, à l’occasion de son allocution présidentielle retransmise en direct hier soir à la télévision, Emmanuel Macron n’a rien annoncé au sujet de la réforme des retraites, il a toutefois évoqué sa volonté de voir s’élaborer, dans les prochains mois, et en lien avec les partenaires sociaux, un “pacte de la vie au travail”.
Précisant quelque peu sa pensée, le Président de la République a déclaré que ce pacte allait notamment garantir un meilleur partage des richesses, une progression du niveau de l’emploi des travailleurs âgés et une amélioration de leurs conditions de travail et, enfin, une intégration facilitée des jeunes sur le marché de l’emploi. En somme, le Président de la République a semblé souhaiter promouvoir la valeur travail auprès des Français et a invité les partenaires sociaux à se joindre à lui dans cette démarche.
Bien qu’il soit encore trop tôt pour s’exprimer sur l’atteinte ou non du premier objectif, il est en revanche vite apparu qu’il n’allait pas être évident pour le chef de l’Etat de gagner son second pari. En effet, les représentants du monde du travail n’ont pas attendu longtemps pour lui faire savoir que sa proposition ne les enchantait guère. Ainsi, Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, a jugé que le propos d’Emmanuel Macron démontrait qu’il n’avait “toujours pas compris la colère qui s’exprime dans le pays”, tandis que Laurent Berger, son homologue de la CFDT, a déploré le fait qu’il n’avait “rien” entendu de “concret” dans ce propos. Les syndicats, autrement dit, voyaient dans le pacte proposé par le Président une nouvelle carabistouille.
Même Geoffroy Roux de Bézieux, le président du MEDEF, a marqué une certaine distance vis-à-vis de la démarche du Président de la République. Réaffirmant son souhait de “négocier sur certains des sujets évoqués par Emmanuel Macron”, le patron des patrons français a pourtant affirmé qu’il n’était pas possible de le faire hâtivement – “pas en 100 jours”, en référence au laps de temps que s’est donné le Président de la République pour renouer le lien avec le peuple français. “Le dialogue social, ça prend du temps”, a conclu Geoffroy Roux de Bézieux.
La proposition du Président de la République, ainsi que les réactions des partenaires sociaux, invitent finalement à constater que l’exécutif a décidément fait les choses tout à fait à l’envers. Il aurait ainsi, sans doute, été plus opportun de parler de la vie au travail avant d’évoquer le thème de la retraite.