Le nombre d’arrêts de travail prescrits toujours en hausse

Pour la seule période de janvier à mai 2018, les versements d’indemnités journalières sont en augmentation de 5,7%. De son côté, la Sécurité Sociale va augmenter le nombre de ses contrôles.  

Il semblerait que chaque année, ce soit la même chose. Le nombre d’arrêts de travail prescrit augmente à l’approche des vacances. Timing parfait pour la CPAM qui décide d’alerter les pouvoir publics sur la hausse des remboursements liés aux interruptions journalières. 

D’après les chiffres de l’Assurance Maladie, les dépenses d’indemnités journalières (IJ) en lien avec les arrêts maladie (hors maternité) ont augmenté de 4,4 % en 2017 (soit 10,3 milliards d’euros), détaille Le Figaro.  

+5,7% de janvier à mai 2018

La Sécurité Sociale explique dans son document que les dépenses liées aux frais de santé sont en constante augmentation. Par exemple, « les remboursements de soins médicaux et dentaires progressent de 6,2% entrejanvier et mai 2018 et de 5,7% sur les 12 derniers mois. Les remboursements des soins de généralistes ont augmenté de 9,8%, ceux de soins spécialisés progressent de 5,7% et ceux de soins dentaires augmentent de 1,2%. » 

Par ailleurs, les versements d’indemnités journalières liées aux arrêts de travail sont aussi en augmentation. Elles ont évolué de +5,7% de janvier à mai 2018, une hausse supérieure à celle constatée de mai 2017 à mai 2018 (5,1%). Le tout avec des variations territoriales importantes. Valérie Chauveau, chargée des dépenses de santé à la Caisse primaire d’assurance maladie du Rhône s’est confiée au 20 Minutes. Elle explique que « depuis 2009, les dépenses réelles liées aux indemnités journalières maladie et accident du travail ont augmenté de 17,4 % dans le Rhône [25.2 % au niveau national] et de 4,3 % en 2017. Pour l’année dernière, c’est 14 millions d’euros supplémentaires qui ont été dépensés par l’assurance maladie.«

Des raisons multiples

Si la majeure partie de ces arrêts de travail reste justifiée, Valérie Chaveau relate « qu’il n’y a pas eu de situation médicale particulière ou d’épidémie significative » pour expliquer cette hausse brutale du nombre d’IJ. Elle précise tout de même qu’il existe « une tendance à s’arrêter plus que nécessaire. » Pour autant, plusieurs facteurs peuvent expliquer la hausse de ces remboursements. D’abord, le recul de l’âge de la retraite favorise le risque de maladie. De même, les arrêts de travail de longue durée ont tendance à se multiplier à mesure que le salarié vieillit. Autre facteur logique, le sursaut de la croissance favorise les recrutements. Par la même occasion, ce sont donc plus de salariés qui sont susceptibles de se voir prescrire des arrêts de travail.

Enfin, il y a une hausse inquiétante du nombre de cas de burn-out et de bore-out, ces états d’épuisement et de dépression résultats du stress au travail. Pour combattre ces maux, ce sont, le plus souvent, des arrêts de travail qui sont prescrits. 

L’Assurance Maladie en guerre contre la fraude

« Nous observons un pic l’été. Est-ce que les vacances favorisent les arrêts ? Nous n’avons pas de statistiques précises là-dessus, mais c’est vrai que nous constatons une progression des arrêts lors des vacances scolaires en général » relate Valérie Chaveau. 

Ce n’est donc tous sauf un hasard si la Sécu publie son communiqué en juin 2018. Par ailleurs, elle organise depuis plusieurs mois la lutte contre la fraude. En janvier dernier, nous informions nos lecteurs sur l’expérimentation de la Sécu qui révélait aux entreprises les motifs d’arrêts de travail de leurs salariés.  

En 2017, les seuls contrôles administratifs ont donné lieu à plus de 9.000 avertissements et à 1.200 sanctions. Ces dernières vont du remboursement des sommes perçues avec des pénalités en sus, jusqu’au poursuites pénales.  

Enfin, la Sécurité Sociale rend régulièrement visite aux médecins pour « les accompagner dans la juste prescription », en ciblant notamment ceux qui seraient taxés de complaisants.  

Nous essayons de les sensibiliser à l’impact de leurs prescriptions d’arrêts de travail, nous leur montrons dans quelle tranche ils se situent par rapport à leurs confrères présentant une activité comparable à la leur . 

Valérie Chauveau 

 

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