Le licenciement des salariés protégés et l’enquête contradictoire de l’inspecteur du travail

L’enquête contradictoire devant précéder la décision administrative

Les articles R. 2421-4 et R. 2421-1 du code du travail disposent que l’inspecteur du travail saisi d’une demande d’autorisation de licenciement d’un salarié protégé au titre d’un ou plusieurs mandats représentatifs procède à une enquête contradictoire. 

Qu’advient-il de cette obligation lorsque l’inspecteur saisi initialement cesse ses fonctions avant de statuer ? Son successeur doit-il procéder à une nouvelle enquête contradictoire avant de statuer lui-même sur la demande ? 

 

L’absence de réitération obligatoire de l’enquête en cas de remplacement de l’inspecteur saisi ab initio

Saisi d’une question en ce sens, le Conseil d’Etat considère dans un arrêt du 8 juin 2015 (mentionné dans les tables du recueil Lebon), que cette enquête ainsi que la décision prise à son issue relèvent de l’inspecteur du travail ayant compétence pour statuer sur la demande d’autorisation ; que la cessation de fonctions de l’inspecteur du travail ayant conduit l’enquête contradictoire n’impose pas, par elle-même, que l’inspecteur du travail assurant son remplacement ou lui ayant succédé procède à une nouvelle enquête contradictoire avant de statuer sur la demande, même s’il lui est toujours loisible de le faire. 

En l’espèce, la société KPMG avait saisi l’autorité administrative d’une demande de mise en retraite d’une salariée protégée. L’inspecteur du travail de la 16ème section des Hauts-de-Seine procéda à l’enquête contradictoire mais le silence gardé par l’autorité administrative conduisit à une décision implicite de refus. Toutefois, après que l’inspecteur du travail eut cessé ses fonctions, son remplaçant retira ce refus onze jours plus tard et accorda finalement l’autorisation demandée sans avoir procédé lui-même à l’enquête contradictoire. La salariée fit alors un recours hiérarchique auprès du ministre du travail, de l’emploi et de la solidarité, qui fut rejeté. 

L’affaire fut ensuite portée devant les juridictions administratives. Malgré un jugement favorable rendu par le tribunal administratif de Versailles, la salariée vit sa demande d’annulation rejetée par la cour administrative d’appel de la même ville, elle décida donc de se pourvoir en cassation devant le Conseil d’Etat. 

Par un arrêt de rejet, les Sages considèrent que l’inspecteur du travail qui assurait l’intérim de l’inspecteur du travail de la 16ème section des Hauts-de-Seine pouvait se fonder sur l’enquête contradictoire réalisée par ce dernier pour statuer, ainsi qu’il l’a fait, sur la demande d’autorisation de licenciement déposée par la société KPMG. 

Retenons in fine, que l’inspecteur du travail assurant le remplacement ou la succession d’un précédent inspecteur, n’est pas tenu de réitérer l’enquête contradictoire, même s’il lui est toujours loisible de le faire. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Un représentant CPME est désigné membre suppléant au FIVA

Un arrêté ministériel publié au Journal officiel d'aujourd'hui entérine la nomination d’un nouveau membre suppléant au conseil d’administration du Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (FIVA). Il s'agit de Frantz Doignon. Il représentera la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), et est nommé au titre des représentants des organisations siégeant à la commission des accidents du travail et des maladies professionnelles. ...

Wallis-et-Futuna : le directeur intérimaire de l’agence de santé quitte ses fonctions

Un arrêté ministériel publié au Journal officiel d'aujourd'hui, acte un changement à la direction de l’agence de santé du territoire des îles Wallis et Futuna. Éric Chartier, qui exerçait les fonctions de directeur par intérim, quitte ses fonctions à compter du 5 mai 2025. Pour lui succéder temporairement, les ministres compétents ont désigné Richard Jardin, professeur agrégé classe normale....

La MCF voit son résultat net fondre en 2024

Comme bon nombre d'organismes du secteur de l'assurance, la Mutuelle centrale des finances (MCF) a publié son rapport sur la solvabilité et la situation financière (SFCR) pour l'année 2024. Le document montre que l'année 2024 n'a pas été très clémente pour la mutuelle, notamment du côté de ses résultats financiers. En 2024 la MCF a encaissé 4,6% de cotisations brutes de...

Tutélaire en 2024 : un chiffre d’affaires en hausse et un modèle élargi à trois métiers

La mutuelle Tutélaire clôt l’exercice 2024 sur des résultats en nette progression, portés par une réorganisation stratégique autour de trois pôles d’activité : la prévoyance, l’épargne-retraite et la réassurance. Le chiffre d’affaires total s’établit à 134,8 M€, en hausse de 80 % par rapport à 2023, traduisant l’extension du périmètre d’activité et l’intégration de nouveaux portefeuilles. ...

Mutuelle Entrain repasse en excédent avec un chiffre d’affaires en hausse de 7 % en 2024

Après trois exercices déficitaires, Mutuelle Entrain clôt l’année 2024 avec un résultat net excédentaire de 2,665 M€. Ce redressement s’appuie notamment sur une hausse des cotisations (+7 %) et une bonne maîtrise des charges, qui permettent un retour à l’équilibre économique. Le chiffre d’affaires santé hors taxes s’élève à 102,579 M€ en...