La Commission Européenne s’est félicitée de l’accord trouvé par les ministres de la jeunesse pour doter le corps européen de solidarité de son propre budget et cadre juridique. Pas sûr pour autant que l’initiative fonctionne aussi bien que prévu.
Avec l’environnement, la solidarité apparaît comme le deuxième point important sur lequel se penche la Commission Européenne. Et force est de constater que les deux comportent des limites. Un an après son lancement, le corps européen de solidarité avait besoin d’un cadre juridique clair. Actuellement, il est mis en oeuvre à travers huit programmes différents, avec chacun leur propre base juridique, objectifs et budgets. Ainsi, officiellement, cette initiative va permettre de consolider le corps européen en renforçant sa cohérence tout en offrant de nouvelles possibilités aux jeunes.
Une histoire de gros sous
Le corps européen de solidarité permet aux jeunes de toute l’Europe de prendre part à des activités de solidarité destinées à faire face aux situations difficiles dans l’UE. “Non seulement la participation à ce corps favorisera le développement personnel des jeunes, leur participation active à la société et leur employabilité, mais elle aidera aussi les organisations non gouvernementales, les autorités publiques et les entreprises dans les efforts qu’elles déploient pour faire face aux défis sociétaux et autres.”
Ainsi, le budget total est fixé à 341 500 000€ pour la période allant du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2020. Il faut savoir que pour le placement dans une activité de volontariat, les frais de nourriture et de logement ainsi que de voyage et d’assurance sont couverts. En plus, le jeune en question reçoit “de l’argent de poche” à hauteur de 155€ par mois. De son côté, l’UE apporte une contribution de coût de placement allant de 3 400€ à 6 500€ par personne.
Quand on sait que l’objectif est que 100 000 jeunes participent au programme d’ici 2020, on constate bien toute l’incohérence du système. Si 100 000 jeunes reçoivent 155€ d’argent de poche tous les mois pendant 12 mois (durée maximale des stages, il y a aussi des CDD proposés), on obtient 186 000 000€ soit la moitié du budget total. Rajoutons les frais de placement minimaux de 340 000 000€ et la somme totale passe à 526 000 000€ de budget total. Le constat est simple : tout le monde n’aura pas de CDD et les séjours seront forcément plus courts que ceux imaginés.
Cette initiative peut-elle lutter contre le chômage des jeunes ?
Vous n’êtes pas sans savoir que la France dispose d’une initiative qui est censée lutter contre le chômage des jeunes : le Service Civique. C’est un engagement volontaire ouvert à tous qui permet à des français de 16 à 25 ans, sans condition de diplôme, de prendre part à une mission d’intérêt général dans des associations, des collectivités territoriales ou des établissements publics. S’étalant sur une période de 6 à 12 mois, il est indemnisé 580€ net par mois.
Pour autant, on ne peut pas dire que l’opération soit un franc succès. En 2015, soit 5 ans après sa création, il n’y avait eu que 85 000 engagés. Alors, partant de ce constat-là, est-ce que les jeunes seront prêts à s’expatrier pour faire des missions équivalentes ? Par sûr car même s’il n’y a pas de chiffres présentant le bilan de l’opération, on se doute que le critère financier risque de freiner les demandes. Car même si tous les frais sont pris en charge (mais à quelle hauteur ?), 155€ euros ne représentent même pas 40% du salaire médian en Roumanie.