A Rennes, c’est hier qu’avait lieu le vote par le 49ème congrès confédéral de la CFDT du bilan du mandat de Laurent Berger, le secrétaire général de l’organisation. Si quelques représentants cédétistes ont fait état de leur volonté d’une action syndicale plus combative, c’est une ligne modérée que M. Berger a assumée. Elle a été approuvée à plus de 80 %.
Quelques critiques sur la méthode
Les ordonnances Travail, la réforme de l’assurance chômage, celle de la formation professionnelle et celle, à venir, de la fonction publique, commencent à marquer certains esprits à la CFDT. Reuters cite en l’occurrence quelques interventions de responsables de l’organisation qui déplorent le manque de combativité confédéral face aux réformes gouvernementales. Ainsi, Malka Darmon, au nom du syndicat chimie-énergie Provence-Corse, a déploré le manque de lisibilité du message cédétiste : “La position officielle de la CFDT n’est pas toujours comprise ou partagée. Nous montrons notre incapacité à réagir ou même agir”. Interrogé par France Inter, Philippe Pernet, pour les transports de Lorraine, a quant à lui estimé qu’il allait falloir songer “à la confrontation”. A la grande satisfaction de Laurent Berger, ces voix vindicatives ont été trop rares pour brouiller le message qu’il entendait porter.
Le credo cédétiste
Plaidant sa cause, le secrétaire général de la CFDT a lourdement insisté sur le bien-fondé, de son point de vue, de l’approche modérée et “réformiste” du syndicalisme. Taclant les tenants de la méthode forte “des slogans faciles et des postures révolutionnaires”, il a estimé qu’elle n’était pas “efficace”. Il a étayé son propos en assurant que manifester dans la rue contre les ordonnances Travail aux côtés des organisations qui l’ont fait n’aurait mené qu’un à “combat perdu”. Le syndicalisme est “mortel quand il se limite à dénoncer” a enfin martelé le patron de la CFDT. Contre cette approche, il a promu celle reposant une “combativité qui est […] attachée à la recherche de résultats concrets pour les travailleurs”. Dans le cas des ordonnances Travail, il a ainsi mis en avant les avancées obtenues “en amont” par la CFDT.
Le doute, malgré tout
Bien conscient toutefois que son propos pourrait laisser certains congressistes sur leur faim, Laurent Berger a reconnu que son parti pris modéré pouvait parfois ne pas apparaître comme étant approprié à la situation sociale et politique actuelle. Toujours cité par Reuters, il a notamment affirmé que le “gouvernement ne pourra pas continuer quatre ans sur la même ligne” et qu’il “n’y aura pas de transformation en profondeur de la société contreses acteurs, sans ceux qui mettent en oeuvre les réformes”. Une manière de rassurer les militants de la CFDT mais aussi, probablement, de se rassurer lui-même. Car quoi qu’il en soit de son peu d’entrain pour les actions radicales, M. Berger a concédé que la CFDT allait peut-être “réflechir et expérimenter” d’autres manières de défendre ses revendications.
Un bilan largement validé
Ces états d’âme n’ont pas empêché les militants présents au Congrès de valider le rapport d’activité présenté par Laurent Berger à une très large majorité, de plus de 83 %. C’est fort de cette approbation que le secrétaire général de l’organisation va pouvoir rempiler pour un mandat. Si le gouvernement continue à enchaîner les réformes à un rythme aussi élevé qu’il le fait depuis mai 2017 et à ne tendre qu’une oreille pas toujours très attentive aux propositions cédétistes, Laurent Berger va sérieusement devoir songer à mettre en oeuvre son idée de revoir les modes d’action de la centrale. Ceci pourrait annoncer un mandat plutôt délicat à mener à bien.