Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat FO
Une large majorité de cheminots a répondu ce 9 mars à l’appel à la grève lancé fin février par FO et quatre autres syndicats (CGT, Unsa, Sud et CFDT). Ils s’opposent au nivellement par le bas de leurs conditions de travail qu’entrainerait une nouvelle réglementation concoctée par le gouvernement pour l’ensemble des entreprises du secteur ferroviaire, l’entreprise publique SNCF et celles du privé.
Dès le milieu de la matinée, la direction de la SNCF devait annoncer 35,5% de grévistes toutes catégories confondues, un chiffre à minima puisqu’il ne tenait compte que des premières prises de services.
De 40 à 100% de grévistes
Dans de nombreuses régions, la participation dépassait les 40% et atteignait jusqu’à 100% à la mi-journée. L’affluence aux assemblées générales, tôt le matin, était déjà très significative, indiquaient des militants interrogés pendant la manifestation parisienne contre la Loi Travail, à laquelle la Fédération FO des cheminots s’était jointe. A Saint-Lazare ils ont ainsi été 250 à se réunir pour commencer à discuter de la suite à donner à leur mobilisation.
Les raisons de la grève
A l’heure actuelle les conditions de travail des 150 000 cheminots de la SNCF sont régies par la réglementation RH0077.
Comme prévu par la réforme ferroviaire de 2014, le gouvernement a dévoilé le 18 février un décret socle, feuille de route pour une nouvelle réglementation commune à toutes les entreprises du secteur qu’il voudrait voir appliquée dès le 1er juillet 2016.
En effet, l’entreprise publique SNCF n’a plus le monopole de l’activité ferroviaire. Des entreprises privées ont vu le jour au cours des premières étapes de l’ouverture à la concurrence (le fret international en 2003 ; le fret intérieur en 2006 ; le transport international de voyageurs en 2009). Et l’étape finale est à venir avec l’ouverture totale à la concurrence du transport intérieur des voyageurs que Bruxelles a programmée pour 2019 dernier carat.
L’objectif du gouvernement est donc de mettre tout le monde au même niveau au motif de garantir une concurrence loyale. Mais, au lieu d’ étendre la réglementation du travail de la SNCF (150 000 cheminots) aux autres entreprises (environ 5 000 cheminots au total), il en impose une beaucoup moins favorable.
Exemples
A l’heure actuelle, la RH0077 en vigueur à la SNCF prévoit que le cheminot doit être prévenu 10 jours à l’avance en cas de changement de son planning de travail. La nouvelle réglementation abaisserait ce délai à… 24 heures. Cette disposition introduit une flexibilité, qui ne permettrait pas aux IRP de remplir leur rôle de vérification des roulements, tableaux de service et tableaux d’affectation du personnel (le code du travail prévoit un délai minimum de 7 jours).
Autre exemple : la durée annuelle du travail augmenterait d’une semaine (39 heures) pour passer à 1607 heures.
Dernier exemple : le nombre de dimanche de repos par an passerait de 22 à… 0.
FO Cheminots appelle à déposer des préavis de grève pour le 31 mars, jour de la grève interprofessionnelle contre la loi Travail
Reçue le 23 février au ministère des Transports, la fédération FO a réitéré sa revendication : que la réglementation RH0077 actuellement en vigueur à la SNCF reste la référence pour les 150 000 cheminots de l’entreprise publique et les 5000 salariés des entreprises ferroviaires privées.
Vendredi 11 mars, une nouvelle séance de négociation sur le volet organisation du travail de la Convention collective nationale ferroviaire (CCNF) doit avoir lieu entre l’organisation patronale UTP (Union des Transports publics et ferroviaires) et les organisations syndicales. Mais lors du précédent rendez-vous, l’ensemble des organisations syndicales a claqué la porte.
« Dans le cadre de la hiérarchie des normes et du principe de faveur, on est censé négocier une convention collective pour améliorer la réglementation qui elle-même améliore la loi. Là c’est l’inverse qui se passe », explique François Grasa, secrétaire général de la fédération FO des cheminots. Interviewé pendant la manifestation parisienne contre le projet de loi El Khomri , il ajoute : « ce que les cheminots subissent aujourd’hui obéit à la même logique que le projet de loi El Khomri sur le code du travail . Et c’est bien pourquoi, même si notre appel à la grève était antérieur [aux appels liés à la loi Travail], nous avons décidé de venir manifester ici aujourd’hui ».
Dans ce contexte, et forte de la mobilisation de ce 9 mars, la fédération FO des Cheminots a décidé d’appeler ses structures à déposer des préavis de grève partout où elle est représentative pour la journée de grève interprofessionnelle du 31 mars contre la Loi Travail à l’appel de la confédération FO.