A l’approche du débat à l’Assemblée Nationale sur sa loi santé, Marisol Touraine déploie les mêmes qualités que celles dont elle a fait preuve sur les dossiers de protection sociale complémentaire: un mélange de doute et d’entêtement absurde, une sorte de surdité, qui exaspère ses interlocuteurs et qui perd les medias dans des rumeurs immédiatement contredites. Ainsi, concernant le tiers payant, la presse annonçait il y a quelques jours que Marisol Touraine renoncerait à sa généralisation, avant de démentir la rumeur, puis de la reprendre, pour finalement annoncer que notre Marisol ne bougeait pas d’une oreille sur ce dossier.
Qu’on se le tienne pour dit! la généralisation du tiers payant connaîtra probablement le même sort que les clauses de désignation: la ministre portera son dossier contre vents et marées, et le maintiendra sauf si une puissance au moins égale au Conseil Constitutionnel l’en dissuade. Au-dessous du Conseil Constitutionnel, on voit mal qui pourra agir!
Ceux qui se souviennent de l’invention du contrat responsable en seront pour leur grade. Les années 2000 avaient vu une prise de conscience, par les pouvoirs publics, de la nécessité de gérer le risque. Cette conscience est bel et bien morte: la mode est à la gratuité, et à cette douce illusion que la médecine ne coûte rien.
Le réveil sera tôt ou tard brutal et douloureux. En attendant, on souhaite bon courage à ceux qui couvrent les circonvolutions marisoliennes. Ils ne sont pas au bout de leurs peines.