L’action de groupe contre les discriminations votée par le PS

Les députés ont voté hier une proposition de loi des députés M. Leroux et M. Hammadi créant l’action de groupe en matière de discrimination. Rappelons que l’action de groupe était l’une des nombreuses promesses de François Hollande en 2012. Depuis cette date, l’action de groupe en consommation a été votée en 2014. L’objet de la loi est d’autoriser un recours collectif pour les personnes qui s’estiment victimes d’un même type de discrimination de la part d’une même personne, physique ou morale. Les députés ont pu faire entendre leurs arguments au cours des discussions à l’Assemblée nationale. 

L’action de groupe : un rempart à la discrimination ?

Les auteurs de la proposition de loi présentent leur texte comme un dispositif universel qui pourra permettre aux victimes regroupées de viser aussi bien l’Etat, qu’un particulier, une association ou une entreprise. Pour eux, la discrimination fait partie des injustices les plus pénibles à vivre et l’action de groupe “vise à briser l’esseulement des victimes pour les conduire à faire valoir leurs droits”. M. Leroux affirme même qu’actuellement, une victime sur deux n’engage aucune action en justice. Ce à quoi devrait remédier l’action de groupe. 

Pourtant Mme Zumkeller se demande si l’action de groupe est vraiment la bonne solution : d’après elle, cela risque d’augmenter considérablement le nombre de contentieux et d’imposer aux entreprises des contraintes supplémentaires. Elle préconise de privilégier une résolution interne des conflits s’agissant des entreprises. Deux députés, M. Gosselin et M. Chevrollier rappellent aussi que par le passé, une autre mesure luttant contre les discriminations a été votée : le CV anonyme. Cette mesure vient de passer aux oubliettes après 8 ans d’existence fantôme, le décret d’application n’ayant jamais été publié. Ils redoutent que l’action de groupe en matière de discrimination ne subisse le même sort. 

Une autre opposition, soulevée par M. Collard a pour objet la “situation similaire ou identique et ayant pour cause une discrimination” qui doit permettre aux individus de se rassembler pour former une action de groupe. Il considère que ce concept est trop volatile et n’a rien de juridique. Selon lui, une telle procédure “entraînera l’inflammation du communautarisme”. 

 

L’action de groupe ouverte aux associations et aux organisations syndicales représentatives

Les délais pour qu’une association puisse former une action de groupe ont été abaissés de 5 à 3 ans à l’Assemblée nationale sous l’impulsion de M. Denaja. Ce nouveau délai correspond au délai requis pour bénéficier du statut d’association reconnu d’utilité publique et devrait, selon le député, suffir pour que la qualité de l’association soit reconnue. Le projet de loi précise d’ailleurs qu’il reviendra au Conseil d’Etat d’introduire, par décret, les modalités de l’action de groupe. 

Pour qu’un groupe de victimes se forme, le projet de loi prévoit aussi qu’une décision du juge est nécessaire. Ce dernier devra ordonner les mesures d’information des personnes appartenant au groupe ou susceptibles d’y appartenir. Cette décision devra aussi prévoir un délai pour appartenir au groupe : de deux à six mois après l’achèvement des mesures de publicité. 

 

L’action de groupe et le cas des TPE-PME

M. Hammadi a entendu les organisations patronales exprimer leurs craintes à l’égard de cette nouvelle action de groupe et affirme que le contexte de l’entreprise est pris en compte par le législateur. Il justile dispositif, par son universalité, ne vise pas spécifiquement les entreprises. 

Le député évoque le cas spécifique des TPE et PME qui nécessiteront la création de conditions particulières, il veut instituer une phase de transition, pour que les entreprises, qui sont constituées de chefs d’entreprise mais surtout de salariés, aient un délai durant lequel elles pourront se préparer au mieux à cette nouvelle procédure qu’est l’action de groupe. Mais aucune information supplémentaire n’est donnée sur ce sujet. 

 

Ajouter aux articles favoris

Conformité CCN en santé

Pour vous aider à gérer la conformité CCN de vos offres "santé standard", profitez de notre outil en marque blanche gratuitement en 2023. L'outil vous permettra de savoir, en un clic, le niveau de votre offre compatible avec la CCN que vous aurez sélectionnée. L'outil en marque blanche est relié à la base de données CCN de Tripalio, juridiquement certifiée et mise à jour en temps réel. Il bénéficie de notre algorithme de comparaison qui détecte les non-conformités du contrat santé standard.
Demandez votre outil
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

Quand la relation intime entre deux salariés devient un motif de licenciement

La relation intime d'un responsable d'entreprise peut avoir des conséquences professionnelles s'il les cache à sa direction. C'est ce qu'a récemment rappelé la Cour de cassation dans une décision rendue le 29 mai 2024. Elle s'y prononce sur le licenciement pour faute grave d'un responsable d'entreprise qui a caché à son employeur sa relation avec une autre salariée de l'entreprise, laquelle est titulaire...
Lire plus

Indemnité de cantine fermée “covid” : le juge tranche en défaveur des télétravailleurs

La crise sanitaire de 2020 a provoqué la fermeture de nombreux lieux de rassemblement de population, dont la fameuse cantine d'entreprise. Or, certaines entreprises ont dû maintenir une activité dans leurs locaux pour assurer la continuité de service. Dans ce cadre, une indemnité dite de cantine fermée a été mise en place pour permettre aux salariés présents de ne pas être lésés par la fermeture du restaurant normalement accessible dans le cadre de leur emploi. Mais cette indemnité a fait naître quelques litiges, dont...
Lire plus

Obligation de prévention et sécurité : c’est à l’employeur de montrer patte blanche en cas d’accident

En entreprise, l'employeur est tenu de respecter des mesures de prévention et sécurité afin de protéger la santé de ses salariés. Les dispositions du code du travail encadrent cette obligation avec précision. Mais que se passe-t-il en cas de manquement de l'employeur ? Le salarié peut-il considérer que cette violation de ses obligations légales par l'entreprise constitue un motif de rupture de contrat de travail aux torts de l'employeur ? Dans ce cas, sur qui repose la charge de la preuve ? C'est à cette question que...