Cet article provient du site du syndicat de salariés CFDT
D’ici au 31 décembre, des milliers de négociations de protocoles d’accord préélectoraux vont se dérouler dans les entreprises pour la mise en place des comités sociaux et économiques. Ce chantier nécessite de mutualiser les forces militantes.
Outillage militant Plusieurs outils sont destinés aux militants pour négocier les PAP et préparer les élections. • Un fichier – mis à la disposition des URI et des fédérations par la Confédération – permet d’avoir une vision complète des entreprises. Les syndicats peuvent demander les extractions qui les intéressent à leur URI ou fédération. • Un classeur « S’implanter grâce à la négociation des PAP », avec des fiches pratiques. • Une possible aide de la Cnas en soutien aux syndicats désireux d’aller à la rencontre de salariés éloignés du syndicalisme (100 euros par PAP négocié). • Un espace dédié aux élus CSE, en libre accès sur le site CFDT (dans l’espace adhérent). |
« Les élections CSE, c’est la grande cause nationale de la CFDT cette année ! » Béatrice Lestic, la secrétaire nationale chargée du développement, ne mâche pas ses mots : « On joue notre première place. » Une course contre la montre s’est engagée puisqu’au 31 décembre, l’ensemble des entreprises de plus de 11 salariés devront avoir mis en place leur nouvelle instance de dialogue social. Ce qui représente des milliers de protocoles d’accord préélectoraux (PAP) à signer… Mais aussi une occasion unique de faire progresser la CFDT dans les entreprises ou de s’y implanter. À tous les niveaux de l’organisation, le branle-bas de combat est annoncé. Avec, en bien des endroits, la mise en place de réseaux de négociateurs à différentes échelles.
Des ressources mutualisées
Dans les Hauts-de-France, une task force composée de huit négociateurs (y compris des retraités) répond aux besoins des syndicats. « Il nous a semblé nécessaire de mutualiser des ressources militantes et de mettre en place ce maillage », explique Béatrice Druelle, chargée du développement à l’Union régionale interprofessionnelle, épaulée par un coordinateur régional qui centralise les demandes et suit les négociations. Idem dans la région Grand Est, qui a fait du « travailler ensemble » une priorité. « Sur les 113 syndicats de la région, plus de 50 % ont moins de 400 adhérents. Il faut créer une dynamique d’entraide entre gros et petits syndicats », martèle Antoine Dugo, secrétaire régional.
Tout le monde en est conscient : « On n’aura jamais assez de bras ni de jambes pour aller négocier partout. Il est indispensable de cibler là où l’on veut s’implanter », résume Cyril Duval, secrétaire du Syndicat de la Métallurgie du Maine-et Loire. « Le danger, dans la période, est de vouloir aller partout. Avec le risque de s’épuiser. On l’a vu avec la campagne fonctions publiques : il vaut mieux faire moins et mieux », abonde Luc Thoral, secrétaire confédéral, rappelant l’objectif confédéral de mille nouvelles implantations. L’enjeu est donc plus large que la signature des PAP : il s’agit de mettre un pied dans la porte !
Anticiper pour s’implanter
Pour s’implanter, à chacun sa stratégie. Certains, comme le Syndicat Chimie Énergie du Centre-Val de Loire (présent dans six départements), l’ont largement anticipée. Dès l’an dernier, le syndicat conventionnait avec la Cnas une subvention financière des PAP et mettait en place un réseau de neuf négociateurs. « Il était devenu évident que l’on ne pourrait pas se développer sur la seule base de nos sections existantes. Il fallait aller chercher ailleurs, pour renouveler nos forces militantes, bien sûr, mais aussi pour renouveler nos idées. Les élections des CSE nous en offraient l’opportunité », explique Nathalie Dumais Legrand, secrétaire du syndicat. Sur la base du fichier Mars – qui rassemble toutes les données de la direction générale du travail sur les élections, le syndicat a cherché à savoir où il est utile d’aller signer des PAP, explique Arnaud Grandemange, animateur du comité action développement. « On ne va négocier que s’il y a un potentiel d’installation d’une équipe CFDT dans l’entreprise. S’il y a déjà une grosse concurrence syndicale, c’est inutile. Ou alors seulement dans les très grosses boîtes. » Cible privilégiée : les entreprises avec des élus sans étiquette, « souvent un peu perdus dans la mise en place des CSE et qui ont besoin d’accompagnement », note Nathalie.
Afin de réussir son implantation, le syndicat mise aussi sur un contact avec les salariés nettement en amont des élections, par le biais de distribution de tracts nourris et aux informations ciblées. « Entre la signature du PAP et l’élection, il y a trente jours. C’est trop peu. Il faut se faire connaître bien avant », indique Arnaud. Chaque entreprise ciblée fait l’objet d’investigations poussées pour ne rien ignorer du contexte et préparer la campagne. Les résultats sont là : après une année 2018 prometteuse (huit sections créées et 23 protocoles d’accord préélectoraux signés), le syndicat poursuit sur sa lancée. Depuis le début de l’année, un tiers des PAP se traduit par la création d’une section. Avec, à chaque fois, des mesures d’accompagnement et de formation des nouveaux élus.
Une communication adaptée
Anticiper pour réussir l’implantation de nouvelles sections : c’est également la stratégie adoptée en Pays de la Loire. Outre un travail sur le fichier Mars (qui permet aussi d’avoir un calendrier prévisionnel des élections) et la mise en place de réseaux de négociateurs, l’URI a conçu un kit comprenant trois tracts, à distribuer à trois moments clés de la campagne. « Un premier tract, distribué de six à huit mois avant les élections, présente la CFDT et permet de créer des liens avec les salariés. Le deuxième montre ce qu’elle a obtenu dans le secteur professionnel de l’entreprise. Le troisième explique les enjeux de l’élection et présente une liste », énumère Corinne Grégoire, responsable développement de l’Union départementale du Maine-et-Loire. La signature d’un PAP ne vaut que si elle est précédée et suivie d’un travail de longue haleine !