La rupture conventionnelle peut-elle être proposée pendant un PSE ?

Cette publication est issue du site du syndicat de salariés FO.

Une rupture conventionnelle ne peut pas être proposée lorsqu’un plan de sauvegarde de l’emploi est en cours ou en passe d’être étudié. 

La rupture conventionnelle est un mode de rupture autonome, nécessitant l’accorddes deux parties et dont l’annulation est extrêmement difficile à obtenir. 

Cependant, elle ne doit pas avoir pour objet la soustraction de l’employeur à ses obligations légales. 

C’est pour cela que le législateur a pris la précaution d’empêcher de telles ruptures lorsque des négociations sur une GPEC, un PSE ou des ruptures conventionnelles collectives sont en cours. 

En effet, il serait plus intéressant pour l’employeur de négocier des ruptures conventionnelles individuelles, à défaut de licenciements économiques, afin d’éviter, d’une part, son obligation de recherche préalable de reclassement et d’autre part la mise en place d’un congé de reclassement (dans les entreprises de moins de 1 000 salariés) ou d’un contrat de transition professionnelle (dans les entreprises de plus de 1 000 salariés) et, enfin et surtout, d’éviter un recours judiciaire pour licenciement sans cause réelle et sérieuse et une priorité de réembauche. De plus la négociation de telles ruptures, en nombre, pourrait lui éviter la mise en place d’un PSE. Or, tel était le cas dans l’espèce soumise à la Cour de cassation dans son arrêt du 6 janvier 2021 (n°19-18549). Un salarié et son employeur signent une rupture conventionnelle, mais un mois plus tard un plan de sauvegarde de l’emploi, dans lequel le poste du salarié est supprimé, est en cours de préparation. 

Le licenciement économique étant plus favorable, si on peut dire, en termes de conséquences, au salarié que la rupture conventionnelle, le salarié saisit le conseil de prud’hommes d’une demande d’annulation de la convention de rupture pour vice du consentement car l’employeur aurait dissimulé au salarié l’existence de graves difficultés pour l’entreprise ayant entraîné l’établissement d’un PSE quelques mois plus tard. Le conseil de prud’hommes puis la cour d’appel font droit aux demandes du salarié et l’employeur se pourvoit en cassation. 

En vain : La cour d’appel, qui a constaté, par une appréciation souveraine des éléments de fait et de preuve qui lui étaient soumis, que l’employeur avait dissimulé au salarié l’existence, à la date de conclusion de la convention de rupture, d’un plan de sauvegarde de l’emploi en cours de prépa- ration, prévoyant la suppression de son poste, et que cette dissimulation avait été déterminante du consentement de celui-ci, a légalement justifié sa décision. 

L’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2008 sur la modernisation du marché du travail, portant création de ce mode de rupture, précisait déjà que la mise en place d’une rupture conventionnelle du contrat de travail ne vise pas à porter atteinte aux procédures de licenciements collectifs pour cause économique engagées par l’entreprise. 

L’inspection du travail, lors- qu’elle est saisie d’une demande d’homologation, doit vérifier l’existence ou non d’un contournement de procédure justifiant un refus d’homologation si la rupture conventionnelle concerne un nombre important de salariés et qu’elle a pour effet de priver ces salariés du bénéfice des garanties attachées aux licenciements collectifs (Instr. DGT n° 02, 23 mars 2010). 

Rien n’interdit donc de négocier une rupture conventionnelle si elle n’est pas liée à des difficultés économiques de l’entreprise… 

CE QUE DIT LA LOI

L’article L 1237-16 du Code du travail dispose :« La présente section (relative à la rupture conventionnelle) n’est pas applicable aux ruptures de contrats de travail résultant :1° des accords issus de la négociation mentionnée aux articles L 2242-20 et L 2242-21 ;2° des plans de sauvegarde de l’emploi dans les conditions définies par l’article L 1233-61 ; 3° des accords collectifs mentionnés à l’article L 1237-17. 

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Stéphanie Rist nomme les membres de son cabinets

La nouvelle ministre de la santé, des familles, de l'autonomie et des personnes handicapées, Stéphanie Rist, a constitué son cabinet ministériel par arrêté tout juste publié au Journal officiel. Les nominations ont pris effet le 13 octobre 2025, sauf pour le directeur du cabinet adjoint en charge de la santé qui a été nommé le 17 octobre 2025. - Lise Alter est la directrice...

Charlotte Parmentier-Lecocq reconstitue son cabinet

La ministre déléguée chargée de l'autonomie et des personnes handicapées, Charlotte Parmentier-Lecocq, a reconstitué son cabinet après être passé du gouvernement Bayrou au gouvernement Lecornu II. L'arrêté de nomination qui acte les membres de son cabinet est daté du 15 novembre 2025 et il est paru au Journal officiel du 18 octobre 2025. Voici les personnes nommées : -...

Avis d’extension d’un accord territorial (Ile-de-France – hors Seine-et-Marne) dans les CCN des OETAM et cadres du bâtiment

Le ministre du travail et des solidarités, envisage d’étendre, par avis publié le 18 octobre 2025, les dispositions de l’accord territorial (Ile-de-France - hors Seine-et-Marne) du 2 juillet 2024 relatif aux oeuvres sociales, conclu dans le cadre des conventions collectives nationales des ouvriers employés par les entreprises du bâtiment du 8 octobre 1990 visées et non visées par le décret du 1er mars 1962 modifié (jusqu’à 10...

Avis d’extension d’un avenant à la convention collective nationale du golf

La ministre du travail, de la santé, des solidarités, des familles, de l'autonomie et des personnes handicapées envisage d’étendre, par avis publié le 16 octobre 2025, les dispositions de l’avenant n° 94 du 9 octobre 2025 relatif à l’égalité professionnelle et encadrement du forfait jours, conclu dans le cadre de la convention collective nationale du golf ...

Avis d’extension d’un avenant chez les prothésistes dentaires et laboratoires de prothèses dentaires

La ministre du travail, de la santé, des solidarités, des familles, de l'autonomie et des personnes handicapées, envisage d’étendre, par avis publié le 16 octobre 2025, les dispositions de l’avenant du 5 septembre 2025 relatif à la rémunération des personnes en contrat d'apprentissage, conclu dans le cadre de la convention collective nationale des prothésistes dentaires et des personnels des...