La retraite de la SNCF (et de quelques autres privilégiés) pour les nuls

La retraite de la SNCF (enfin, précisément celle des cheminots) est-elle totalement inégalitaire et injuste? Oui, mais ce n’est pas la seule. En comparaison des volumes financiers concernés, elle ne pèse d’ailleurs pas grand chose par rapport aux près de 40 milliards € d’impôts nécessaires pour équilibrer les retraites de la fonction publique. Frédéric Buffin, ancien directeur de la caisse de retraite de la SNCF le rappelle dans une interview exclusive. 

 

Il n’est pas courant que les dirigeants de la sécurité sociale s’expriment sur le fonctionnement même des régimes en vigueur en France. Frédéric Buffin, ancien directeur de la caisse de la SNCF, a fait le choix de briser le silence pour nous en détaillant les arcanes du régime de la SNCF et ses modalités de fonctionnement. 

 

Un système impacté par le droit européen de la concurrence

Premier point: on ne parlerait probablement pas de régime de retraite de la SNCF sans l’intervention du droit communautaire. Jusqu’il y a peu, les retraites de la SNCF étaient en effet partie de l’entreprise publique monopolistique. L’émergence d’une concurrence dans le transport ferroviaire a obligé, petit à petit, à clarifier les relations complexes entre la SNCF et ses retraités. 

La création dans les années 2000 d’une caisse spécifique pour héberger les retraites des cheminots a correspondu à cet objectif de clarification. Il a permis de “tracer” les différentes sources de financement des retraites de la SNCF. En particulier, on découvre de cette façon que le “surplus” de garanties du régime SNCF par rapport au régime général coûte près d’un milliard€ annuel à l’entreprise (soit 2,5% de son chiffre d’affaires…), sans compter la subvention de 3 milliards€ accordées par l’État à la caisse de retraite pour équilibrer ses comptes. 

Cliquez sur ce lien pour voir la 2e partie de l’interview.

 

Les racines historiques du régime SNCF

Si les cheminots disposent d’un régime spécial de retraite, rappelons-le, c’est pour une raison historique forte: lorsque le régime général de sécurité sociale se met en place, il suscite un rejet viscéral de la société française, notamment parce qu’il propose des garanties moindres que les régimes par capitalisation d’avant-guerre. 

Dans le concert de rejet, on trouve notamment les bénéficiaires des régimes spéciaux, comme les cheminots, qui entament une lutte séculaire pour conserver leurs avantages et ne pas être dilués dans le régime universel. Commence alors cette profonde posture paradoxale où les plus grands défenseurs de la solidarité sont aussi les premiers à ne surtout pas vouloir y sacrifier. 

Cliquez sur ce lien pour voir la 3e partie de l’interview.

 

La galaxie des privilèges

Dans cet ensemble, on notera que les cheminots ne sont pas les seuls à bénéficier d’un régime de retraite plus favorable que le régime général. Le régime de la RATP ou des industries électriques et gazières mérite aussi d’être signalé comme démesurément favorable et parfois financé directement par le contribuable. 

Mais c’est probablement le système des pensions civiles qui est le porteur des plus grandes distorsions de traitement. Les fonctionnaires sont des privilégiés de la retraite, notamment parce que les règles de calcul de la pension sont extraordinairement favorables. Mais c’est un sujet tabou. 

 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

C2S : les règles de non-activité et de ressources sont révisées

Un décret du 28 juin 2025, publié au Journal officiel du 29 juin, vient préciser les modalités d’application de l’article L. 861-2 du code de la sécurité sociale concernant l’accès à la complémentaire santé solidaire (C2S). Le texte modifie plusieurs articles du code de la sécurité sociale (CSS). Le décret introduit un nouvel article...

CNSA : les règles de composition et de fonctionnement du conseil sont modifiées

Un décret du 28 juin 2025, publié au Journal officiel du 29 juin, modifie plusieurs articles du code de la sécurité sociale (CSS) afin d’ajuster la composition et le fonctionnement du conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Le texte vise à synchroniser les mandats, harmoniser les règles de délibération et prévenir les conflits d’intérêts, dans la perspective du renouvellement partiel du conseil prévu au 1er février 2026. Le décret...

Dotation 2025 des CESP : plus de 39  M€ alloués par l’assurance maladie

Deux arrêtés publiés au Journal officiel du 29 juin 2025 précisent les dotations des régimes obligatoires d’assurance maladie consacrées aux contrats d’engagement de service public (CESP) pour l’année 2025. Un premier arrêté daté du 26 juin 2025 fixe la dotation versée au Centre national de gestion (CNG). Ainsi, la part de dotation destinée spécifiquement au financement des CESP s’élève à 29 404 800 euros pour l’année 2025. ...

Un nouveau représentant des départements entre au conseil de la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel du 28 juin, modifie la composition du conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Maël de Calan est nommé membre titulaire du conseil au titre des représentants des conseils départementaux. Il a été désigné par l’Association des départements de France (ADF). Il remplace à ce poste Stéphane Haussoulier. ...

Le nouveau modèle papier de l’arrêt de travail est maintenant obligatoire

Pour lutter contre les arrêts de travail frauduleux un décret généralise l'obligation d'utiliser le nouveau formulaire papier lorsque l'arrêt n'est pas déclaré en ligne. Le décret paru au Journal officiel du 29 juin 2025 précise que l'assuré placé en arrêt de travail (ou dont l'arrêt est prolongé) qui veut envoyer son justificatif au format papier doit désormais transmettre la version originale signée d'un formulaire spécifique. Ce nouveau formulaire est...