En cette fin d’année 2016, la représentation des TPE connaît d’importantes évolutions. En particulier, les résultats des récentes élections aux chambres de métiers et de l’artisanat (CMA) remettent en cause la capacité de l’UPA à demeurer le porte-parole de référence des plus petites entreprises. La confédération de l’artisanat tente de reprendre la main en intégrant l’UNAPL.
L’UPA première mais perdante
Les dernières élections aux CMA se sont tenues mi-octobre. Si les résultats chambre par chambre ont tôt été connus, puis commentés par la presse locale et régionale, aucune leçon n’en a encore été tirée au niveau national. Pourtant, les principaux enseignements du scrutin sont pour le moins intéressants.
En premier lieu, il apparaît clairement qu’il n’a guère suscité l’enthousiasme des foules. Avec des taux de participation oscillant entre 13 et 18 %, bien souvent en baisse par rapport au scrutin précédent, il est difficile de conclure que les CMA participent indiscutablement de la représentation des artisans et commerçants français.
Ceci étant dit, le net recul de l’UPA, au profit notamment de la CGPME, est le second enseignement des élections aux CMA. Alors que, jusqu’alors, peu d’entre les 81 chambres échappaient à la mainmise de l’UPA, seules 40 d’entre elles sont désormais sous son contrôle direct. Bien que n’étant pas arrivée en première place, la CGPME est finalement la grande gagnante du scrutin. Par le biais des listes “ADNA, artisan de notre avenir”, elle préside maintenant 27 CMA, soit un tiers du total. Enfin, 14 CMA sont présidées par des listes d’union dont les équilibres sont difficiles à identifier.
Sous la CGPME, la FFB
Dans le détail, c’est dans le secteur du bâtiment que la CGPME a engrangé ses meilleurs résultats. Autrement dit, elle doit surtout sa progression à la fédération française du bâtiment (FFB). Elle a en effet largement enfoncé les lignes de la CAPEB, faisant quasiment jeu égal avec elle : sur les 41 CMA tenues par le bâtiment, 18 le sont par la CAPEB, 17 par la FFB et 6 par des listes d’union. Chez les artisans, clientèle de toujours de la CAPEB, ce nouveau rapport de force entre les deux confédérations du bâtiment est une nouvelle donne qu’il va falloir intégrer.
Douchée par cette cascade de mauvaises nouvelles, l’UPA peut, certes, se rassurer en notant que dans les autres secteurs d’activité, notamment l’alimentation et les services, elle demeure largement en tête. Sur 20 présidences tenues par l’alimentation et 26 tenues par les services, elle en occupe respectivement 13 et 19. Jean-Pierre Crouzet, le président de l’UPA issu de l’alimentation et Alain Griset, son probable successeur issu des services, sauvent bon an mal an leurs meubles dans le tremblement de terre.
L’UNAPL à l’UPA
Les mauvais résultats électoraux de l’UPA ne sont sans doute par pour rien dans l’accélération de l’agenda de son rapprochement avec l’UNAPL. Régulièrement évoquée depuis plusieurs années, cette restruction d’ampleur du syndicalisme patronal aura finalement lieu ce jeudi. Plus précisément, l’UNAPL, indépendante depuis sa création en 1977, devrait adhérer à l’UPA, constituant ainsi sa quatrième composante.
Cette intégration renforce le poids et la légitimité de l’UPA. Dans le même temps, elle compliquera inéluctablement la gestion des rapports de force internes à la confédération artisanale, qui n’est déjà pas toujours évidente. En particulièrement, il conviendra d’observer comment la CAPEB, affaiblie par le scrutin d’octobre, réagira à l’arrivée en force des professions libérales.