La réforme des retraites en plein chahut

Après la journée de grève très suivie qui a eu lieu vendredi dernier à la RATP contre la réforme des retraites, le débat public autour de cet enjeu ne s’est pas apaisé, loin s’en faut.

 

Entre un débat très tendu à la fête de l’Humanité entre Jean-Paul Delevoye et Philippe Martinez, le patron de la CGT, la tenue de nouvelles manifestations catégorielles contre l’unification des régimes et le début pour le moins curieux de la “concertation” entre le gouvernement et les partenaires sociaux, la réforme des retraites apparaît chahutée de toutes parts. 

A la Fête de l’Huma, la valeur du point en débat

Le débat organisé samedi, à la fête de l’Humanité, entre Jean-Paul Delevoye, le haut commissaire à la réforme des retraites, et Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, a eu quelque retentissement médiatique. La grande tension qui a caractérisé ce débat – avec, en particulier, un Jean-Paul Delevoye plusieurs fois invectivé sans ménagement par l’assistance – a notamment été soulignée ici ou là. Sur le fond, l’échange entre le représentant du gouvernement et le chef de la CGT a longtemps été l’occasion d’une confrontation au sujet de la nécessité ou non d’une réforme systémique des retraites. 

Surtout, on relèvera que l’échange a donné lieu à une passe d’armes au sujet de la détermination de la valeur du point. M. Martinez s’est vivement inquiété de l’éventualité d’une détermination budgétaire de cette valeur. “Qui va définir la valeur du point ? Ne pourra-t-il pas baisser au nom, par exemple, de la réduction des déficits ?” a-t-il en effet demandé. Le moins que l’on puisse dire est que la réponse de M. Delevoye à cette question n’est pas de nature à rassurer l’opinion. S’il a d’abord rappelé qu’il était actuellement envisagé “d’indexer le point sur les salaires” – ceci empêchant “mécaniquement” une baisse de sa valeur – il a ensuite tenu un propos à la signification mystérieuse, affirmant que “ce qui pose potentiellement problème, c’est la confiance, qui va déterminer la valeur du point”. Valeur de point fixée en fonction des salaires ou en fonction de la confiance, il va falloir choisir… 

Courageuse, la venue de Jean-Paul Delevoye à la fête de l’Humanité n’aura toutefois pas été pleinement convaincant. L’exécutif ne s’attendait, certes, probablement pas à autre chose. 

Les CSP + dans la rue

Politiquement, c’est d’ailleurs moins la défiance affichée par la CGT à l’égard de la réforme des retraites que son refus massif par des pans entiers des catégories sociales supérieures qui pourrait s’avérer problématique pour l’exécutif. Son socle électoral se trouve en effet du côté de ces catégories sociales bien plutôt que de celui des ouvriers et des employés. 

Or, il se trouve que bien des travailleurs relevant des fameuses CSP + ne partagent pas l’avis du gouvernement au sujet de l’avenir des retraites en France. A tel point qu’ils commencent à le faire savoir bruyamment, en descendant dans la rue. Réunis au sein du collectif SOS-Retraites, les représentants des professions libérales et de certaines catégories de salariés – comme ceux de l’aviation civile – appellent ainsi leurs ouailles à se rassembler aujourd’hui, en début d’après-midi, devant la place de l’Opéra, afin de faire savoir qu’ils n’entendent pas être intégrés à un futur régime unifié de retraites. 

Ils justifient cette revendication de deux manières. D’une part, ils défendent le maintien de leur régime de retraite, comme conséquence des conditions particulières de leur activité : possibilité de partir en retraite dès 60 ans pour les salariés de l’aviation civile ou impossibilité de cotiser au même niveau que les salariés pour les professions libérales, par exemple. D’autre part, ils dénoncent vivement l’éventualité d’une captation par l’Etat des réserves accumulées par leurs régimes de retraite. 

La curieuse “concertation” sur les retraites

Dans cette ambiance en cours de réchauffement rapide, le gouvernement ne semble pas particulièrement tenir à un apaisement des esprits. C’est du moins que semble indique la méthode assez curieuse qu’il a mise en oeuvre afin d’entamer la seconde séquence de la “concertation” sur la réforme des retraites. Alors qu’en début de semaine dernière, le Président de la République a reçu les dirigeants de la CFDT et de l’Unsa afin d’en discuter, il n’a pas fait de même avec les dirigeants des autres centrales syndicales. Interrogé hier sur France 3, Philippe Martinez s’en est ému, jugeant que la réception de tous les responsables syndicaux était “une question de démocratie”.  

Si l’on comprend aisément qu’il est plus confortable pour Emmanuel Macron de n’échanger qu’avec des gens globalement d’accord avec lui, on notera toutefois qu’il pourrait être risqué pour le gouvernement de continuer à mener ainsi la concertation sur les retraites. Une telle gestion de la réforme n’apparaît pas devoir permettre de juguler les tensions qu’elle suscite. 

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