Alors que, depuis trois semaines, la France s’enfonce chaque jour un peu plus dans une grave crise sociale et politique, les partenaires sociaux continuent de se retrouver régulièrement pour renégocier la convention Unédic. Aujourd’hui même, pour la quatrième séance de négociation, ils discutent de l’architecture du régime. Une discussion perturbée par les conséquences de la mobilisation des “gilets jaunes”.
Les propositions patronales
Afin de préparer la séance de négociation, le Medef a rédigé une proposition d’organisation générale de la future assurance chômage – proposition que vous pouvez consulter ici – qui exprime, dans l’ensemble, son refus de “faire des cotisations patronales et des droits des demandeurs d’emploi les variables d’ajustement à un désengagement financier de l’Etat, dont la contribution au régime sera rediscutée chaque année au parlement dans le cadre des débats budgétaires”. De fait, le Medef propose à l’Etat de garantir son niveau de contribution financière au régime, à hauteur de 37,5 % des recettes, et de prendre prioritaitement en charge, par le moyen de sa contribution, certaines dépenses qu’il impose à l’Unédic, comme l’indemnisation des indépendants ou des frontaliers ou encore celle, spécifique, des intermittents du spectacle.
La CGT joue la rue
Fort de cette proposition plutôt peu susceptible de déplaire aux syndicats, le Medef espérait peut-être se mettre les syndicats dans la poche. C’était, hélas pour lui, sans compter sur la mobilisation des “gilets jaunes”, dont les conséquences commencent décidément à se faire sentir un peu partout. D’après nos informations, la CGT a en effet considéré que, dans le contexte social et politique actuel, la négociation chômage ne pouvait plus du tout se dérouler dans les mêmes conditions. En particulier, la CGT a estimé que les évènements qui ont lieu chaque semaine dans les rues françaises démontraient que la lettre de cadrage gouvernementale n’avait plus aucune légitimité. Cette prise de position, certes, pas tout à fait étonnante de la part de la CGT, n’en est pas moins problématique pour la suite des échanges.
Une négociation sous pression
Les autres centrales syndicales ont difficilement pu demeurer insensibles au propos cégétiste. Appelant le gouvernement à prendre des mesures en faveur des salariés afin de calmer l’ardeur des “gilets jaunes”, elles ne sauraient manquer, dans le même temps, d’être quelque peu gênées à l’idée de continuer à accepter de revoir considérablement à la baisse les dépenses de l’assurance chômage. Leur partie a d’ailleurs rapidement été complexifiée par le Medef lui-même puisqu’au cours de la discussion, il en serait venu à proposer une indemnisation versée sur trente jours – même dans le cas des mois qui ont le snobisme d’en compter trente-et-un – et qu’en outre, il se serait montré bien décidé à évoquer dès la semaine prochaine le cas, potentiellement explosif, des intermittents du spectacle. En somme : la négociation chômage ne devrait pas contribuer à l’apaisement social et politique du pays.