La discrimination liée à l’exercice du droit de grève induit nécessairement un préjudice pour la Cour de cassation

La chambre sociale de la Cour de cassation s’est récemment prononcée sur la réparation de la discrimination liée à l’exercice du droit de grève. Cette décision affirme qu’une telle discrimination, par sa seule existence, constitue un préjudice qui peut être réparé.

 

L’arrêt rendu par la Cour de cassation le 7 novembre 2018, concerne un salarié de la société Exxonmobil Chemical France qui a été gréviste pendant 4 jours en avril 2012, soit 32 heures. La société a alors pratiqué une retenue sur salaire au détriment du salarié qui réduisait aussi les primes dont il aurait dû bénéficier pleinement. Celui-ci a donc saisi les prud’hommes pour demander la restitution du salaire non perçu et la réparation du préjudice moral subi. 

La cour d’appel a accédé à la demande du salarié en demandant le paiement des primes dues au salarié pour un montant de 309,73 € ainsi que le paiement d’une somme correspondant au préjudice moral de discrimination liée à l’exercice du droit de grève pour un montant de 1 000 €. 

L’entreprise Exxonmobil Chemical France s’est donc pourvue en cassation au motif que la cour d’appel ne pouvait pas déduire de la seule faute de l’employeur (la discrimination liée à l’exercice du droit de grève) l’existence d’un préjudice sans que le salarié en ait apporté la preuve. La chambre sociale de la Cour de cassation s’est pourtant rangée derrière la cour d’appel. 

 

La discrimination liée à l’exercice du droit de grève est réparable du fait de sa seule existence

Dans sa décision, la Cour de cassation rappelle que la cour d’appel est souveraine pour apprécier le montant du préjudice subi par le demandeur. Contrairement à ce qu’affirme la société Exxonmobil Chemical France, le fait que le salarié ait déjà été indemnisé par le versement de son salaire couplé au fait qu’il n’ait pas établi l’existence de ce préjudice n’est pas bloquant d’après le juge. 

En effet, la cour d’appel, a justifié l’existence du préjudice de discrimination liée à l’exercice du droit de grève par la simple évaluation de son montant. En d’autres termes, cela signifie que la seule existence de la discrimination pour exercice du droit de grève caractérise l’existence d’un préjudice. 

Cette décision est intéressante car elle rappelle la place du droit de grève dans le droit français. C’est aussi un signal envoyé aux entreprises afin qu’elles appliquent correctement le droit lors du calcul des retenues sur salaire de leurs salariés grévistes. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Chimie
Lire plus

Prévoyance : la chimie cherche sa formule

Comme nous en avons fait état la semaine dernière, l'évolution de la négociation sur la structuration d'un régime conventionnel de prévoyance dans la chimie compte parmi les principaux dossiers de protection sociale complémentaire de branche de la rentrée. ...

De nouveaux représentants CFDT et SNCF rejoignent le conseil d’administration de la CPRPF

Le conseil d'administration de la caisse de prévoyance et de retraite du personnel ferroviaire (CPRPF) accueille de nouveaux représentants de la CFDT et de la SNCF selon un arrêté publié au Journal officiel. Pour représenter la CFDT en tant que représentants des agents du cadre permanente de la SNCF Miriam D'ALMEIDA et Nicolas DARDILHAC deviennent titulaires à la place d'Eric FERNANDEZ et Bazoumana SANOGO. Cette dernière devient suppléante à la place de Nicolas...

La conférence nationale de l’autonomie accueille un nouveau membre

La ministre déléguée chargée de l'autonomie et du handicap, Charlotte Parmentier-Lecocq, a nommé un nouveau représentant des directeurs généraux d'agences régionales de santé (ARS) au sein de la conférence nationale de l'autonomie. C'est Jérôme JUMEL, directeur général de l'ARS des Pays de la Loire, qui est nommé au sein de cette conférence. Retrouvez ici...