La Cour des comptes en remet une couche sur les CHU en France mais oublie la part de l’Etat

Et si les CHU était relégués au rang de simples hôpitaux ? C’est l’hypothèse de la Cour de comptes qui constate dans son dernier rapport que le rôle dans l’enseignement et la recherche des CHU a largement diminué au fil des années. Le modèle de 1958 serait en fin de vie et à vite revoir. 

Pas une semaine ne passe sans que nous vous rapportions le cas d’une gestion désastreuse d’un CHU en France. Au passage, il s’agit de gaspillage d’argent public. Celui de Sotteville-les-Rouen en Seine-Maritime faisait face à une situation financière délicate avec un report déficitaire de 2,2 millions d’euros en 2016. A Amiens, c’est la question de la construction d’un nouveau bâtiment alors que le groupe était endetté qui pose question. 

Problèmes financiers que subissent le personnel de recherche donc. Mais la fonction universitaire est aussi en train de se dégrader du fait de relations humaines… aléatoires. Un cas de maltraitance managériale nous avait été rapporté en novembre dernier à Nantes.  

Le financement des CHU pose problème

La Cour des comptes fait remonter des différences de financement entre les différents CHU. Ainsi, l’Assistance publique des hôpitaux de Paris s’en tire avec le plus grand budget de France soit 7,3 milliards d’euros. Cinq CHU présentent un budget entre 1,1 milliard et 1,7 milliard d’euros. Le reste ne dépasse pas le milliard d’euros de budget, la lanterne rouge étant celui de Pointe-à-Pitre avec 325 millions d’euros.  

La recherche et le pan universitaire sont en souffrance

Si plusieurs programmes ont été instaurés afin de développer la recherche, en témoigne un nombre de publications en augmentation, le rayonnement international des CHU de France se réduit. Directement, c’est le côté universitaire qui en pâtit, avec des relations entre universités, INSERM et CNRS qui sont de plus en plus difficiles.  

De fortes inégalités se font aussi sentir concernant la formation, en particulier quand on évoque le numerus clausus. Alors que la moyenne nationale est de 19,7 places pour 100 000 habitants en 2013, le Limousin en possédait 31,1 quand la Corse n’en avait que 10,7. Ces mêmes différences se font aussi ressentir au niveau du nombre d’enseignants disponibles : le ratio va de 1 enseignant pour 6 étudiants à 1 enseignant pour 15 étudiants suivant les régions de France.  

La situation devient problématique car au même moment des questionnements apparaissent en ce qui concerne le numerus clausus. Pour pallier le manque de médecins disponibles en France, la solution envisagée serait de relever ce nombre. Or avec le peu d’enseignants disponibles pour accompagner les étudiants, la recherche et le bon déroulé de leurs cursus s’en retrouvent perturbés. Au final, des personnels venant d’autres CHU sont mobilisés et le maillage territoriale, si ce n’est nationale, s’en trouve déséquilibré.  

L’internationalisation pour contrer l’éparpillement des crédits

Avec des rôles de recherche clinique et de formation universitaire qui sont de plus en plus reversés à d’autres établissements, les crédits reçus sont de plus en plus réduits.  

Pour autant, la Cour ne souhaite pas revenir sur le maillage actuel. Elle propose plutôt de s’inspirer du modèle étatsunien en spécialisant certains CHU dans une mission qui aurait atteint un niveau international. Exit donc la mission de soins de proximité des CHU.  

Un renforcement des liens entre les universités et les CHU devrait aussi voir le jour, de la même manière que le pilotage au niveau régional.  

S’attaquer aux symptômes plutôt qu’à la maladie ?

De but en blanc, les recommandations de la Cour des comptes semblent cohérentes. Cependant, on observe le même regard éloigné de la situation réelle des CHU que celle dans les hôpitaux.  

Actuellement, un défaut de gestion se constate de plus en plus comme lorsque le CHU de Nice déjà criblé de dettes ouvrait un nouveau bâtiment entraînant un surcout possiblement compensé par des suppressions de postes. La question de l’internationalisation va donc se poser sur ce CHU car si le complexe sera flambant neuf, le personnel sera réduit et les conditions de travail durement attaquée.  

Malheureusement, le rapport de la Cour n’indique jamais que l’Etat doit prendre sa part de responsabilités dans cette gestion désastreuse. Et quand on voit la situation improbable entre l’Etat et le CHU de Grenoble, on se dit que la problématique CHU en France n’est absolument pas prête d’être réglée.  

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