La Commission européenne se prononce sans succès sur le chômage de longue durée

Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat FO.

 

L’ ’Union européenne compte en septembre 2015 12 millions de personnes au chômage depuis plus d’un an, 60% d’entre eux n’ont pas eu d’emploi depuis plus de deux ans. Des chiffres dramatiques qui confirment que croissance et reprise légères ne riment pas nécessairement avec reprise de l’emploi… Selon la DARES, en août 2015, 44% des chômeurs en France le sont depuis au moins un an ou plus. 

C’est dans ce cadre que la Commission européenne (DG Emploi et affaires sociales) a proposé l’institution de nouveaux mécanismes à destination des chômeurs de longue durée : l’enregistrement de tous les chômeurs de longue durée auprès d’un service de médiation au travail ; ensuite après 18 mois de chômage au maximum, le droit à « une analyse individuelle de ses problèmes et ses possibilités » ; et la conclusion d’un « contrat d’intégration au travail », visant à leur offrir un plan concret et personnalisé de retour à l’emploi. Cet accord pourrait reposer sur une aide à la recherche d’emploi, le passage par une formation ou un enseignement complémentaire, voire une aide au logement, au transport, l’accès à des services de garde d’enfants ou de soins de santé ou à une mesure de « réadaptation ». Des mesures financières ciblées pourraient être proposées aux employeurs. 

Rien de neuf sous le soleil, donc. En droit français une panoplie de dispositions similaires existe d’ores et déjà. Sur le fond des mesures, on regrettera des mécanismes vus et revus qui n’ont pas fait leurs preuves ; d’autant que le temps de soutien alloué aux chômeurs s’avèrera extrêmement ténu : entre 12 et 18 mois de chômage… ce qui ne laisse qu’une fenêtre de soutien public de 6 mois. Si l’on peut saluer la proposition de financement de ces dispositions par le Fonds social européen, on restera sceptique sur leur teneur, qui masque le véritable problème européen : l’absence concrète d’investissements publics et de soutien à la demande. 

En outre, les propositions ne sont pas contraignantes, elles sont laissées à la discrétion des Etats membres, qui devront trouver un accord pour leur mise en œuvre. En tout état de cause, la proposition de la Commission doit désormais être adoptée par le Parlement européen et le Conseil de l’UE. 

De son côté, la CES a soutenu l’objectif d’aide à l’intégration dans l’emploi des chômeurs de longue durée, mais a noté que ces propositions n’apporteraient « pas une grande différence ». Pour le Secrétaire général adjoint, Józef Niemiec, « elles ne sont que des recommandations – nul n’est obligé de faire quoi que ce soit – et il n’y a pas de financement supplémentaire pour les mettre en œuvre, en particulier pour les pays les plus touchés par la crise ». FO et la CES réaffirment donc que ce dont les chômeurs ont besoin en priorité, c’est d’une « relance économique porteuse d’emplois, fondée sur un plan d’investissement en faveur de l’emploi ». Une urgence sociale que des « contrats d’intégration » ne suffiront pas à camoufler, alors qu’aujourd’hui plus de 70% des personnes au chômage depuis 18 mois ou plus ne reçoivent aucune allocation de chômage. 

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