Coup sur coup, la CGC vient d’engranger deux belles victoires qui laissent songeur sur l’efficacité du syndicalisme pratiqué par la CGC.
Une victoire impressionnante chez Peugeot
La victoire la plus étonnante est celle remportée chez Peugeot, au fil de l’eau. Faute d’une élection à date unique, chaque site organise ses élections à son rythme et c’est l’agrégation des résultats au niveau de l’entreprise qui fait le rapport de forces. Cette fois, la CGT a accusé le coup en perdant 2,3 points, au bénéfice de FO chez les non-cadres, et de la CGC chez les cadres. Ce recul de la CGT propulse la CGC comme premier syndicat de l’entreprise et comme premier syndicat de cadres. Qui l’eut cru? PSA, bastion de la lutte ouvrière, a placé sa confiance dans un syndicat de cols blancs.
Cette impressionnante évolution ne témoigne pas seulement de l’érosion de la CGT dans ses bastions les plus durs. L’ironie veut d’ailleurs que la CGT recule dans la métallurgie au moment où le secrétaire de la fédération prend le secrétariat général de la confédération. Certains rappelleront à l’occasion que Philippe Martinez ne s’était pas montré très empressé de défendre ses petits camarades de Peugeot quand l’entreprise a bu le bouillon il y a deux ans. Peut-être faut-il y voir un rapprt de cause à effet.
Surtout, c’est la technique syndicale de la CGC qui porte ses fruits. Réformiste mais sans concessions, la CGC est capable de mener de véritables offensives contre les employeurs et de mobiliser ses troupes pour défendre ses revendications. Ce réformisme obstiné triomphe aujourd’hui, il tranche avec la ligne officiellement dure de la CGT, mais parfois plus coulante qu’on ne le dit. Chez PSA, il se dit que certaines sections CGT sont aux mains de Lutte Ouvrière, et que la clarté de la ligne syndicale laisse à désirer. La CGC a globalement réglé ce problème en défendant souvent avec force les positions qu’elle définit avec ses adhérents.
Cet exercice de démocratie semble payant.
Dans l’assurance, des points marqués sur la représentativité
Le même jour, la CGC de la branche assurance indiquait avoir remporté une belle victoire auprès de la Cour Administrative d’Appel de Paris, qui a annulé l’arrêté du ministre du Travail excluant les non-cadres du calcul de la représentativité de la CGC. Par cette seule décision, la CGC gagne 3.200 voix et 2,6 points de représentativité. L’opération est loin d’être neutre, dans la mesure où elle renforce la légitimité du syndicat dans la branche.
Surtout, elle ouvre des perspectives à la CGC tout entière, longtemps enkystée dans sa dimension catégorielle. La jurisprudence de la Cour de Cassation confirme que la CGC peut légitimement “déborder” de son champ catégoriel classique pour représenter des non-cadres, à condition d’en établir les preuves factuelles.
Ces quelques éléments montrent que le pôle réformiste des syndicats français fait preuve d’un véritable dynamisme, et qu’en son sein la CGC n’a pas dit son dernier mot.