La CFE-CGC favorable à un nouveau management

Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat de salariés CFE-CGC.

 

Comme le témoignent de nombreux sondages d’opinion, managers et collaborateurs semblent démotivés et gagnés par le stress. Et si un management basé sur la compréhension et l’indulgence permettait d’inverser la tendance ? 

En cette période de dégradation du climat social, un changement profond de cap est urgent. Il doit à mettre un terme au pessimisme qui ronge notre pays, à la démotivation qui affecte managers et salariés ; il permet d’apporter une réponse forte à la perte de sens, à l’effondrement de l’envie, au stress qui rongent nos entreprises et la société dans son ensemble. Nos batailles, sur nos terrains respectifs, ont un but commun : permettre le développement harmonieux et équilibré d’un projet de société, creuset d’un bonheur individuel et collectif, dans lequel le capital humain est l’actif clef. Un projet qui part de l’entreprise pour irriguer la société.  

 

Collaborateurs et managers démotivés 

Une avalanche de chiffres claque comme des évidences ; sombrant dans l’indifférence, ils favorisent insidieusement un esprit de défaite. Citoyens, décideurs, acteurs sociaux, nous sommes tous confrontés à un même constat : en période de crise, la perte de sens, l’effondrement de la motivation qui concourent directement à l’augmentation du stress et à la perte de confiance dans l’action publique comme privée créent un cocktail amer pour nos entreprises, notre société et donc pour chacun d’entre nous.  

Le dernier baromètre du climat social, publié par la CEGOS, souligne qu’un salarié français sur deux est démotivé, soit une chute vertigineuse de 12 points en un an. En cause, le manque de reconnaissance, d’écoute, de droit à l’erreur. Conséquence directe de l’effondrement de la motivation, 53% des salariés et 68% des managers souffrent d’un stress grandissant. D’ailleurs, dans une récente enquête de Viavoice pour HEC, 61% des managers constatent que leurs collaborateurs sont démotivés. Quant à leur indice de moral, il est…à – 30 !  

Complétons ce tableau : la France est à l’avant-dernière position parmi 54 pays en matière de perspective économique ; 60% des Français ne croient pas à une reprise économique. « La France est l’un des pays les plus déprimés au monde » souligne Gérard Mermet dans un récent ouvrage. Le coût économique de cette dégradation du climat social est impressionnant. Le BIT (Bureau International du Travail) estime que l’absentéisme, le turnover et la « perte de qualité » liés au stress représentent 3 à 4% du PIB des pays industrialisés.  

 

Redonner de l’envie et du sens à l’action 

Et pourtant, les solutions sont en large partie à portée de mains. D’ailleurs, le baromètre « performance sociale et compétitivité » réalisé par Opinion Way pour la CFE-CGC en juin dernier est éclairant. D’abord en ce qu’il établit un lien clair entre la performance économique de l’entreprise et la reconnaissance des collaborateurs.  

Mais aussi en ce qu’il démontre que les entreprises les plus performantes sont celles où les managers sont les mieux informés sur la stratégie de l’entreprise et donc ont une vision claire de leur rôle. Ce sont celles, aussi, où l’avis des salariés est le mieux pris en compte, où la reconnaissance est la plus forte, où les politiques de responsabilités sociales sont les plus dynamiques.  

Changer le cours des choses, de cette lente dégradation du climat de nos entreprises, de notre pays est possible. Il faut redonner de l’envie et du sens à l’action, individuelle, collective, privée comme publique, en favorisant la liberté d’action, en relançant la créativité, en suscitant l’initiative, en permettant à chacun de voir la place qu’il occupe dans le dispositif d’ensemble, en ne craignant ni le débat, ni la remise en cause, en acceptant le droit à l’erreur, bref, en cultivant l’optimisme individuel et collectif.  

 

Des actions bienveillantes 

La clef du changement repose sur ce que nous osons appeler la bienveillance, une bienveillance active, tournée vers l’action. Associée à une exigence de comportement, elle permet de tendre vers l’excellence. Quelques idées forces nous animent, dans nos quotidiens pourtant différents. Ces idées doivent irriguer l’action privée comme publique.  

Osons cultiver le sens, en permettant à chacun de voir sa place dans le dispositif d’ensemble qu’est l’entreprise. Le « sens de l’œuvre », c’est l’idée simple selon laquelle ce que nous faisons, dès lors que nous agissons autant avec la raison qu’avec le cœur, nous dépasse et sert l’autre. On s’éloigne alors des égoïsmes et des intérêts particuliers pour servir l’intérêt commun, celui des salariés, des managers, des actionnaires, des entreprises, bref, celui du pays tout entier.  

Essayons la gratitude, le « dire merci » qui est à la fois peu et beaucoup parce qu’il donne envie d’aller plus loin, de se dépasser. Merci à ceux qui agissent, se battent au quotidien, de l’usine à la salle des marchés, des champs aux tours des quartiers d’affaires, à leur échelle, pour changer le cours des choses, pour aller plus loin. Tentons aussi d’être justes. Etre juste, ce n’est pas tancer celui qui s’est trompé, c’est l’aider à comprendre l’erreur, c’est, surtout, encourager l’effort. La torpeur nuit gravement à a santé quand l’action, elle, structurée et inspirée pour le bien commun peut changer le cours des choses.  

Osons aussi la transparence. Expliquer la stratégie, les difficultés, comme les succès, ce n’est pas se départir de son pouvoir. Tout au contraire, c’est faire appel à la raison et à la capacité de comprendre, donc l’envie d’agir.  

Pensons aussi à nous nourrir des diversités. Celles qui, au travers des origines, des parcours de vie, des convictions font la force de l’humain et sa capacité à devenir Acteur. Le consommateur est devenu un consom’acteur qui, par les réseaux sociaux, agit sur l’offre, bouleverse les modèles économiques établis, brise ses chaînes. Le salarié, comme le citoyen doit devenir acteur de son destin, ce que seul permet un « management participatif » qui s’inscrit dans un mouvement naturel, mais oublié, vers plus d’implication des parties prenantes.  

Libérons les énergies, faisons confiance à la capacité de chacun d’influer sur son environnement, son travail renforçant ainsi la force de l’engagement. Notre message est un message d’espoir ; il passe par l’action, par l’engagement, par la solidarité, par l’effort aussi. L’entreprise est un formidable creuset de réussite collective. Nous y voyons, au travers d ‘un management revisité et responsable, le cadre privilégié d’un enthousiasme communicatif qui épouse les formes d’un bonheur dont notre société a tant besoin. 

 

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