Cet article a été publié sur le site du syndicat de salariés CFDT.
Ces dernières semaines, l’avenir du compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P) semblait incertain. « Nous ne reviendrons pas sur ce principe. C’est une mesure de justice sociale », a assuré le Premier ministre Édouard Philippe. Une garantie qui donne satisfaction à la CFDT.
« Il n’y aura pas de remise en cause du compte pénibilité et les droits des salariés seront garantis », se réjouit le secrétaire national Hervé Garnier, soulignant toutefois qu’« il y aura sans doute des simplifications, notamment sur les critères qui font débat ». En clair, les critères et seuils liés aux vibrations, aux ports de charges lourdes et aux postures pénibles.
Le gouvernement a annoncé la constitution d’une mission chargée de formuler des « propositions opérationnelles » à l’automne. « Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle commission ni d’un nouveau rapport, estime le secrétaire national. C’est un acte politique qu’il nous faut, pour sortir des réticences patronales et des atermoiements. Nous devons entrer dans la mise en œuvre, sans tergiverser. D’ailleurs, aujourd’hui, tout le monde reconnaît qu’il faut prendre en compte la pénibilité et la question de l’usure au travail. » Depuis l’instauration du C3P, en 2016, 800 000 salariés ont acquis des points sur leur compte, qu’ils pourront faire valoir afin d’effectuer une formation qualifiante, passer à temps partiel sans perte de salaire ou bénéficier d’un départ anticipé à la retraite.
Cinq pistes pour développer la prévention
Au-delà, c’est toute une culture de la prévention que la CFDT veut développer, en cohérence avec d’autres leviers comme le troisième plan santé au travail (PST 3), qui a fait de la prévention primaire un objectif prioritaire. Elle a formalisé cinq pistes, présentées au gouvernement lors de la rencontre à Matignon avec le Premier ministre et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Elle entend ainsi redonner aux branches professionnelles une plus large responsabilité en matière de prévention ou encore repenser le financement dédié aux maladies professionnelles, en mettant davantage à contribution les entreprises qui exposent leurs salariés à la pénibilité, selon le principe du « pollueur-payeur ». Elle veut surtout « créer un système de gouvernance tripartite sur ces questions de pénibilité. Il n’y a même jamais eu de débat entre partenaires sociaux sur cette question. Il est temps d’en instaurer un ! », conclut Hervé Garnier.