La CFDT revient sur son université d’été

Cette publication provient du site du syndicat de salariés CFDT.

Du 27 au 29 août, 230 militants et responsables de la CFDT étaient réunis à Bierville (Essonne) pour l’université syndicale d’été sur le thème de “L’urgence démocratique”. 

« Je suis d’une génération qui a eu 20 ans au moment de la chute du mur de Berlin. À l’époque, nous pensions que la démocratie n’avait plus d’ennemis, qu’elle s’affirmerait comme régime hégémonique partout dans le monde. » Ainsi témoignait Thierry Pech, directeur du groupe de réflexion Terra Nova, invité de l’Université syndicale d’été (USE). Comprendre les mécanismes qui ont peu à peu fait passer cet espoir au rang d’utopie, définir les moyens d’action face à la crise profonde que traverse la démocratie, tel était le programme des 230 participants à cette USE. Une crise d’autant plus préoccupante qu’elle touche un nombre croissant de pays, même si les réflexions de l’USE se sont principalement focalisées sur la situation française. Les signaux qui illustrent la profondeur de cette remise en cause sont multiples : désaffection pour le politique, abstention, montée des partis populistes mais aussi montées des inégalités… « Le vrai problème de la démocratie, c’est qu’aujourd’hui les plus fragiles en sont exclus. La précarité engendre la désaffection du politique », pointe Nonna Mayer, directrice de recherche au CNRS. Selon le dernier baromètre du Cevipof, 40 % des Français seraient prêts à accepter un régime autoritaire. « Face à cette situation, il y a urgence, a rappelé Alain Chouraqui, fondateur de la Fondation du camp des Milles. L’engrenage qui conduit une démocratie jusqu’au basculement dans un régime qui autorise l’élimination des minorités est clairement à l’œuvre dans notre société. » 

Et au sein de l’entreprise ? 

Le monde du travail et de l’entreprise n’est pas épargné par la question démocratique. Et la demande de démocratie y est forte, alors même que l’autonomie des salariés se réduit de plus en plus. Comment faire vivre la démocratie dans l’entreprise ? Pour la politologue Isabelle Ferreras, chercheuse associée à l’Université d’Harvard, une des réponses tient dans la mise en place d’un bicamérisme, sur le modèle anglais, avec une chambre haute, celle des lords (les possédants) et une chambre basse, celle des salariés, à pouvoirs et autorité équivalents. Un autre moyen consiste à multiplier les espaces d’expression dans l’entreprise, en vue de faire vivre le débat. 

De débat il aura été largement question pendant ces deux journées et demie de travaux (en plénières, en ateliers, mais aussi grâce à des interventions en théâtre forum), permettant ainsi aux participants d’aller bien au-delà des analyses habituelles et d’arpenter d’autres voies afin de renforcer et moderniser notre démocratie. 

“Des actes de démocratie indispensables” 

« Débattre, argumenter, s’opposer, tester ses idées sont des actes de démocratie peu visibles mais indispensables. Provoquer et alimenter la réflexion, c’est un des rôles des corps intermédiaires […] Pour moderniser la démocratie, nous devons donc réussir à articuler démocratie représentative par l’élection, démocratie participative et une démocratie sociale mise à mal. Pas simple pour une organisation comme la nôtre, qui a envie de prendre sa part aux transformations. Mais parce que nous sommes la CFDT, nous nous engagerons toujours pour construire du progrès partagé », concluait Laurent Berger. 

 

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