Incendie de Lubrizol : ce qu’en disent les syndicats de salariés

Ces articles sont issus des sites des syndicats de salariés CFDT, CGT et FO.

La CFDT demande le suivi des effets de l’incendie sur la santé

Dans la nuit de mercredi 25 à jeudi 26 septembre un gigantesque incendie s’est déclaré à l’usine Lubrizol – site classé « Seveso seuil haut » fabriquant des additifs pour lubrifiants – situé à Rouen en Seine-Maritime. 

Ce grave incendie a généré un épais nuage de fumée qui après avoir survolé la région Normandie s’est étendu à la région des Hauts de France. Les habitants ont alors constaté des retombées « comme de la suie ». Lors d’une conférence de presse samedi, le préfet de Seine Maritime a déclaré que les résultats des analyses sont « tous inférieurs au seuil de quantification » et la seule exception est le site lui-même « où l’on note une présence de benzène ». Le premier Ministre, sur place lundi soir, a indiqué que les odeurs « sont effectivement très dérangeantes, très pénibles à supporter, elles peuvent entraîner en effet un certain nombre de réactions mais elles ne sont pas nocives ». 

Des enseignants ont exercé leur droit de retrait dans plusieurs collèges et des collectifs d’habitants souhaitent « faire la lumière sur cette catastrophe sanitaire ». 

À ce stade, l’information délivrée sur les produits ayant brûlé est faible et ne permet donc pas de mesurer la nocivité, et l’impact potentiel sur la santé. 

Un site industriel classé « Sévéso seuil haut » situé à environ 3 km du centre-ville de Rouen met en évidence le risque industriel majeur que représente un tel établissement. Ce site emploie de nombreux salariés qui, de fait, sont exposés à ces risques et à qui l’on doit aussi une information étayée. 

La CFDT réclame des mesures :  

La transparence doit être totale sur les produits qui se sont enflammés, sur leur nocivité et l’impact qu’ils peuvent avoir sur la santé, 

Les budgets des actions de prévention de ces risques industriels majeurs doivent être revus à la hausse,  

Une réflexion doit être engagée quant à la mise en place d’une cellule dédiée aux activités industrielles et au suivi des conséquences. 

L’État doit tirer les enseignements de cet événement industriel. La population, les forces de l’ordre et pompiers exposés, doivent savoir les risques encourus et un suivi épidémiologique doit être mis en place. L’information se doit d’être transparente, complète et fiable. 

Aujourd’hui cet incendie n’a heureusement pas fait de victime, y compris parmi les salariés, premiers exposés à ce type de risque, mais les conséquences en termes de santé publique, environnement, dommages économiques restent à évaluer et à suivre. 

 

C’est à l’entreprise de payer pour la CGT

Quelques jours après l’incendie qui a frappé l’usine Lubrizol, classée Seveso 2, la préfecture de Seine-Maritime a finalement publié la liste des produits chimiques présents sur le site, ainsi que leur fiche de sécurité. 

La pression conjuguée des syndicats et de la population a fini par faire céder les pouvoirs publics : mardi soir, la préfecture de Seine-Maritime a publié la liste de produits partis en fumée, soit 5 253 tonnes de produits chimiques détruits, dont plus de 60 % d’« additifs multi-usages ». L’annonce a été accompagnée des 479 fiches de sécurité qui précisent les caractéristiques des produits et les risques associés, notamment en cas de combustion. 

Les pouvoirs publics reconnaissent enfin la gravité de l’incendie

Quelques jours plus tôt, le préfet de région avait aussi dû reconnaître que des milliers de mètres carrés de toiture amiantés étaient partis en fumées. 

Ces nouvelles informations seront-elles suffisantes pour calmer l’inquiétude des 2 000 manifestants descendus mardi dans la rue ? C’est peu probable… 

Depuis le 26 septembre, le gouvernement n’a cessé de multiplier les déclarations contradictoires : quand le ministre de l’intérieur Christophe Castaner indiquait une absence de risques liés aux fumées, la ministre de la Santé Agnès Buzyn reconnaissait que la ville était « clairement polluée » et l’existence d’un risque sanitaire. 

La préfecture interdit toujours les récoltes et consigne les produits récoltés, au nom de la sécurité alimentaire, mais rouvre les établissements scolaires, après nettoyage mais sans analyse préalable. 

Lubrizol doit assumer ses responsabilités

La CGT exige, à la charge financière de Lubrizol : 

  • un nettoyage complet des zones polluées par des entreprises spécialisées, suivi d’analyses ;
  • un recensement précis des travailleurs et de la population exposés ;
  • la mise en place d’un suivi médical spécifique, comme après l’explosion d’AZF en 2001 ;
  • un registre des cancers permettant de faire payer les responsables.

Au-delà des suivis médicaux, de la prise en charge financière de la dépollution, des résultats d’analyses, la multinationale Lubrizol et son actionnaire Warren Buffet, 3e milliardaire au monde, doivent assumer financièrement l’ensemble de coûts sociaux liés à l’incendie. Tout comme ils doivent prendre totalement en charge l’indemnisation des salariés qui se sont retrouvés en chômage partiel. 

La CGT demande la requalification des arrêts maladies en accident du travail à la charge de Lubrizol.  

L’État, au plus haut niveau, est aussi responsable : l’entreprise n’a en effet pas été poursuivie pour mise en danger d’autrui en 2013 alors que plusieurs infractions étaient caractérisées – notamment la non-consignation d’une installation électrique. 

Chacun doit maintenant prendre ses responsabilités et répondre de ses actes et manquements. 

 

Le gouvernement doit revoir sa politique pour FO

Les évènements intervenus la semaine dernière à Rouen sont dramatiques pour la population, l’environnement et l’économie d’un territoire dépassant largement le périmètre de l’agglomération de Rouen. Le temps de l’analyse des causes de cette catastrophe n’est pas encore venu, et les agents du ministère de l’Ecologie présents dans l’ensemble de ses services et opérateurs restent à ce stade pleinement mobilisés dans la gestion post-crise. 

Pour autant, l’accident majeur que constitue cet incendie interroge nombre d’orientations de fond du gouvernement : 

  • Décider de la baisse de 10 % des effectifs du ministère de l’Ecologie d’ici 2020, 20 % depuis 2015• Placer l’ensemble des services territoriaux de l’État sous la tutelle exclusive du ministère de l’Intérieur, plaçant de fait les enjeux de court terme comme priorité dans les décisions• Affaiblir la réglementation et son application, allant jusqu’à permettre aux Préfets de déroger aux normes et d’inviter les acteurs économiques à s’auto-contrôler• Annoncer un vaste mouvement de décentralisation « à la carte » en matière d’environnement, de transports et de logement, nouveau retrait majeur de l’État sur les questions d’aménagement du territoire et de prévention des risques

La vision de madame Gourault, ministre de la Cohésion des Territoires et des Relations avec les Collectivités Territoriales, est de ce point de vue édifiante : passer de « L’État Ingénieur à l’État jardinier » ! 

A l’aune de ces derniers évènements, les décideurs d’aujourd’hui mettent en place les éléments pour récolter demain bon nombre de Lubrizol. Si leur objectif est d’exonérer l’État de ses responsabilités, la réaction de la population rouennaise devrait les convaincre que celui-ci restera toujours le recours en cas de crise. Alors autant lui laisser les moyens de les prévenir et les gérer ! 

Dans ce contexte, la FEETS-FO exige la révision à la hausse des moyens nécessaires à la conduite des politiques publiques dans le cadre du triennal budgétaire 2020 – 2022, l’arrêt immédiat des baisses d’effectifs et la création de postes selon les besoins, inscrites au projet de loi de finances 2020, un moratoire sur les suppressions ou transferts de missions ainsi que sur les restructurations des établissements et services pour rehausser les moyens et les ambitions de l’intervention publique au service de l’urgence écologique, et le retrait des projets de décret relatifs à la protection des sites classés. 

 

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