Il y a deux jours, Humanis a publié un communiqué de presse faisant état de la décision qu’il a prise d’augmenter significativement, d’un peu moins de 240 millions d’euros, le niveau de ses provisions techniques en prévoyance. Si l’opération a pu soulever certaines inquiétudes, rien n’indique qu’elle résulte d’un déséquilibre économique et financier du GPS.
Une communication officielle…
Le communiqué de presse du GPS comporte trois informations importantes. D’abord, il indique que le “renforcement des provisions” en prévoyance représente “120 millions d’euros net de réassurance” pour 2016 et devrait représenter un montant “comparable” pour l’exercice 2017. Soit, au total, entre 8 et 10 % des quelque 2,4 milliards d’euros de provisions techniques dont le groupe dispose en prévoyance.
Ensuite, le communiqué se veut rassurant quant au processus qui a conduit à cette décision. Elle était prévisible puisqu’elle fait suite à des “travaux récurrents d’amélioration des méthodologies [de provisionnement des risques]”, initiés en l’occurrence en mai 2017. Reprenant les termes du DG Olivier Mesnard, le communiqué assure en outre que le processus s’est déroulé “avec diligence et dans la transparence” : “l’autorité de contrôle et les commissaires aux comptes ont été informés”.
Enfin, Humanis tient à préciser que l’opération n’aura pas conséquence sur les engagements de son IP. “Aucun impact n’est à prévoir pour les clients et Humanis Prévoyance continuera d’afficher un solide niveau de solvabilité” garantit le GPS. Autrement dit : pas de hausse de cotisation à prévoir, et un ratio de solvabilité S2 “durablement au-dessus des 150 %”.
… et quelques questions
Ces propos institutionnels n’ont, certes, pas permis de répondre à toutes les questions posées par le renforcement des provisions. En particulier, au sein de certaines confédérations salariales – qui, rappelons-le même si ceci peut parfois s’avérer plutôt théorique, mandatent les administrateurs des GPS – l’opération a un peu surpris. On s’est notamment demandé pourquoi cette décision n’avait fait l’objet d’une communication officielle qu’au tout dernier moment.
On se demande également si le manque de provisionnement sur les années 2016 et 2017 n’avait pas été la conséquence d’une volonté de tirer quelque peu vers le bas les cotisations annoncées, afin de gagner des parts de marché. Une sorte de dumping illégitime autrement dit.
Enfin, les responsables confédéraux en question disent demeurer attentifs à ce que l’opération n’ait de conséquence négative ni pour les assurés ni pour les salariés. Il est vrai que dans un contexte général pas tout à fait faste pour les GPS – soumis à des économies de la part de l’AGIRC-ARRCO et des marges de plus en plus contraintes après l’ANI – la mobilisation d’environ 240 millions d’euros au titre des provisionnements prévoyance n’est pas anodine.
Le clou enfoncé
Contactée afin d’obtenir des réponses à ces questions, la direction d’Humanis promet que l’opération ne saurait susciter aucune inquiétude. Si la communication officielle à son sujet n’a eu lieu qu’en fin de processus, c’est dans l’objectif de “respecter les obligations de confidentialité inhérentes à ce type d’opérations complexes et techniques”. Au sujet maintenant de la décision d’augmenter les provisions, le GPS réaffirme qu’elle résulte bel et bien d’une recherche permanente d’adéquation entre les risques assurés et les provisions et non d’une erreur passée. Enfin, la direction d’Humanis garantit que le provisionnement sera sans conséquence pour les assurés et les salariés.
Dans l’état actuel des choses, les administrateurs du groupe ainsi que les représentants du personnel que nous avons contactés n’ont pas exprimé d’avis contraire.