Hébergement de données de santé : les données “bien-être” ne sont pas concernées par la certification

L’activité d’hébergement de données de santé est très réglementée et doit faire l’objet, depuis le 1er avril 2018 (avec une application progressive), d’une certification par un organisme certificateur indépendant (l’ancienne procédure relevait de l’agrément). Le code de la santé publique est très strict à ce sujet et propose, aussi bien dans sa partie législative (à partir de l’article L. 1111-8) que dans partie réglementaire (à partir de l’article R. 1111-8-8). 

Mais une question se pose s’agissant des données “bien-être” qui sont, par exemple, les données récoltées par les objets connectés (dont les applications mobiles) sur les kilomètres parcourus par un individu, son rythme cardiaque, ou encore son sommeil. Ces données-là, qui sont des données de santé car elles sont relatives “à la santé physique ou mentale d’une personne physique” (définition proposée par l’article 4 du Règlement général relatif à la protection des données, RGPD). 

Pourtant, l’hébergement de telles données n’est pas soumis aux mêmes conditions de certification que des données de santé “classiques”. Explications. 

 

Les données de santé “bien-être” peuvent être hébergées sans certification

Pour comprendre la différence entre les données dont l’hébergement nécessite une certification, et celles qui peuvent être hébergées sans certification, il faut se reporter au texte de loi. Que dit l’article L. 1111-8 du code de la santé publique ? Il dispose que la certification de l’hébergeur est nécessaire dès lors qu’il “héberge des données de santé à caractère personnel recueillies à l’occasion d’activités de prévention, de diagnostic, de soins ou de suivi social et médico-social, pour le compte de personnes physiques ou morales à l’origine de la production ou du recueil de ces données ou pour le compte du patient lui-même“. 

Dans le cas qui nous concerne, l’information à retenir est le contexte du recueil des données : il faut qu’elles soient prélevées pour des activités de prévention, de diagnostic, de soins ou de suivi social et médico-social. Dès lors, il faut se demander si les données “bien-être” produites par les individus et recueillies par leurs applications et objets connectés, le sont pour l’une des occasions prévues par le texte de loi. 

Si l’individu ne produit ces données que pour son bien-être, sans que cela s’inscrive dans un cadre médical suivi, alors l’hébergement de telles données n’a pas à être certifié. 

La CNIL corrobore cet état de fait et à la question de savoir si “l’éditeur d’une application mobile de “bien-être” [doit] respecter les obligations découlant de l’hébergement des données de santé“, elle répond quenon, si les données collectées, enregistrées et conservées, le cas échéant, par un prestataire extérieur ne sont pas collectées à l’occasion d’activités de prévention, de diagnostic, de suivi social ou médico-social“. 

Cela veut-il dire que l’hébergement des données “bien-être” est totalement libre ? Pas tout à fait. Il ne faut pas oublier que ces données restent soumises à l’application du RGPD et de la loi Informatique et Libertés. Néanmoins, l’absence d’obligation de certification pour l’hébergeur enlève une contrainte non négligeable. 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

Comment la santé mentale redéfinit l’avenir de l’assurance collective

Il y a quelques semaines, nous avons esquissé sur Tripalio une analyse de fond, alertant sur le changement de séquence pour notre secteur. Après une décennie passée à rechercher la conformité réglementaire et à gérer la complexité conventionnelle des offres et contrats, l'assurance collective de personnes fait face à de nouvelles frontières qui...

L’EIOPA accueille son nouveau directeur exécutif

Le conseil d'administration de l'Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP ou EIOPA en anglais) vient de nommer son nouveau directeur exécutif. C'est Damian Jaworski qui est nommé à ce poste. Il doit encore être confirmé par le Parlement européen avant de prendre ses fonctions le 1er avril 2026. D'après le ...

La Cité de l’espace cherche son assureur santé et prévoyance

La Cité de l'espace à Toulouse recherche son ou ses assureur(s) pour ses régimes collectifs de complémentaire santé et de prévoyance. L'appel d'offres tout juste mis en ligne donne aux candidats jusqu'au 24 novembre 2025 pour déposer leur dossier. La valeur maximale de l'accord cadre est fixée à 1,6 M€ avec un contrat d'une durée initiale de 4 ans renouvelable 2 fois maximum. L'appel d'offres incluant un lien vers le dossier de candidature est disponible par ici : ...
Lire plus

L’Insee nous dit tout sur les seniors en perte d’autonomie à l’horizon 2070

La courbe démographique en France ne cesse de marquer le vieillissement de la population, entrainant par la même occasion l'augmentation du nombre de seniors en situation de perte d'autonomie. L'Insee et la Drees publient une étude commune qui montre que cette croissance sera forte jusqu'aux années 2045-2050 avant une stagnation à l'horizon des années 2070. ...
PLFSS
Lire plus

Le PLFSS 2026 vire au bal des cornus

Devant être présentée ce jeudi en conseil des ministres, après avoir été examinée par le Conseil d'Etat, la "lettre rectificative" au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, qui organise les modalités et le financement de la suspension de la réforme des retraites jusqu'à la prochaine élection présidentielle de 2027, a vu son contenu fuiter hier dans la presse. ...