Guerre des transports : le Gouvernement condamne Uber

Encore une fois, le Gouvernement plie face aux lobbys, ignorant les requêtes des consommateurs en bout de chaîne, et tuant des initiatives innovantes. Avec l’application de la loi Grandguillaume, ce sont plus de 10 000 chauffeurs Uber qui seront dans l’incapacité d’exercer d’ici la fin de l’année 2017. 

Il pourrait bien s’agir du plus grand plan social jamais réalisé en France. Alors que la société se remet tout juste de l’énorme piratage qu’elle a subi, elle pourrait voir près de 10 000 de ses chauffeurs être privés d’exercer sur le sol français d’ici la fin de l’année. 

Le motif de la grogne

Le ministère des Transports a mis sur pieds, ce vendredi 8 novembre, une grande réunion entre les syndicats et les plateformes VTC pour faire le point sur la Loi Grandguillaume qui entrera en vigueur le 1er janvier 2018. Ce texte du nom de son créateur, Laurent Grandguillaume député des Côte d’Or, visait à réconcilier les taxis et les chauffeurs VTC. 

Ainsi, cette dernière présente 3 grands axes : l’interdiction pour les LOTI (Loi d’orientation des transports intérieurs, entreprises de véhicules légers destinés au transport de personnes, en collaboration avec des agences de voyages, des tours-opérateurs ou des particuliers dans le cadre d’un déplacement ponctuel) d’exercer une activité de VTC dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, l’obligation de transmission de données nécessaires au contrôle du respect des lois par les plateformes et la mise en place de passerelles destinées au LOTI pour devenir chauffeurs VTC. Ainsi, ceux qui n’auront pas obtenus la licence VTC pourront être licenciés pour ce motif. 

Le Gouvernement cède face aux lobbys et complexifie l’examen d’entrée

Si officiellement cette loi vise à réconcilier les taxis et les chauffeurs VTC, on se rend bien compte qu’elle est largement pénalisante pour ces derniers et en particulier pour les plateformes en ligne de type Uber. L’objectif est même assez clair : il faut durcir l’accès des chauffeurs LOTI aux plateformes car leur formation est moins exigeante et moins chère que celle des VTC. On se souvient d’ailleurs des longues manifestations des taxis partout en France, qui pointaient du doigt la concurrence déloyale. 

Quel rapport avec Uber ? Beaucoup des chauffeurs de l’application, qui chiffre 2,5 millions d’utilisateurs, ne disposaient justement pas d’une licence VTC mais bien d’une licence LOTI. L’application stricte de cette loi va s’accompagner d’une complexification de l’examen pour obtenir sa licence. La ministre chargée des transports, Elisabeth Borne, détaillait les taux de réussite aux épreuves suivant la spécialité. Ainsi, 36% des VTC passaient l’épreuve théorique contre 74% des taxis. Après l’épreuve pratique, le taux d’admission final est de 21% pour les VTC et 33% pour les taxis. 

Une volonté de tuer une entreprise innovante et qui fonctionne

Vous l’aurez compris, cette loi profite en majeure partie aux taxis. Ainsi, le Gouvernement prend le parti de sacrifier une entreprise qui possède de bons résultats et dont le service est loué par bon nombre d’utilisateurs, au profit de lobbys qui veulent conserver à tout pris leur monopole mais dont la qualité du service est toujours remise en question. 

Il faut aussi se rendre compte que ce sont des emplois qui vont disparaître. Près de 10 000 en France. Mais surtout, on se maintient dans un système qui ne fonctionne plus. Aujourd’hui, il faut débourser près de 240 000€ pour obtenir une licence taxi. Un argument largement entendu durant les grève de ces derniers. Seulement, peu le savent, mais ce prix a été fixé par les taxis eux-mêmes pour lutter contre l’arrivée massive de petits nouveaux dans ce secteur. Mais lorsqu’une plateforme propose un service d’aussi bonne qualité voire plus à des tarifs moindres, les prix prohibitifs de la licence ne sont plus justifiés et les lobbys des taxis grondent. 

Encore une fois, par peur d’une grande paralysie sans doute, le Gouvernement préfère écouter les lobbys plutôt que les consommateurs en sacrifiant une entreprise qui fonctionne et qui est reconnue par ceux qui commandent ces services. En enterrant Uber, c’est l’innovation qui tombe dans le cercueil. 

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