Les taux de circulation des trains ne disent pas nécessairement tout ce qu’il faut savoir de l’état du mouvement de grève qui perturbe actuellement le fonctionnement de la SNCF.
Des taux de grève contrastés
Si l’on s’en tient à ces taux, il apparaît que la grève des cheminots s’installe avec succès dans la durée. D’après l’information officielle proposée hier par la SNCF, la circulation des trains sur la séquence de grève d’hier et d’aujourd’hui n’a pas dépassé les 40 %, étant même plus perturbée aujourd’hui qu’hier. Pourtant, cette information masque le fait que, toujours d’après l’information officielle délivrée par la SNCF, les taux de grévistes auraient nettement diminué au fur et à mesure du mouvement, pour s’établir à moins de 20 % hier.
Fébrilité à la CGT et à la CFDT
Il est, certes, vrai que les syndicats engagés dans la grève contestent les taux de grévistes annoncés par la direction. Il n’en demeure pas moins que les signes de fébrilité de leur part commencent à se multiplier. Ainsi, la CFDT Cheminots a affirmé qu’elle “n’a pas envie” que la grève soit essentiellement le fait des personnels indispensables à la circulation des trains, appelant “tous les cheminots” à se mobiliser. Craignant probablement un effritement de la participation à la grève, la même CFDT Cheminots a décidé d’assigner la SNCF en justice afin de mettre fin à la manière dont la direction dénombre les journées de grève qu’elle retient des salaires.
Plus explicite, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT – rappelons qu’à la SNCF, la CGT est la première organisation syndicale – a évoqué l’éventualité d’une fin de conflit. “La grève à la SNCF peut s’arrêter si on trouve enfin des interlocuteurs qui ne font pas semblant de de pratiquer le dialogue social” a-t-il en effet déclaré dans un entretien publié aujourd’hui dans la presse quotidienne régionale. Cette déclaration a bien été réalisée en parallèle d’une autre, promettant un prolongement du conflit durant l’été, mais elle n’en révèle pas moins que le dirigeant de la CGT commence probablement à s’inquiéter d’un enlisement du conflit.
Le pourrissement gagnant ?
Il faut dire que les syndicats de la SNCF sont pris au piège de la stratégie du pourrissement mise en oeuvre par le gouvernement. Alors que le dialogue entre les deux camps est actuellement rompu, l’exécutif a tout l’air d’estimer que, dans une configuration où l’ensemble des personnels de la compagnie ferroviaire nationale ne s’arrête pas de travailler comme un seul homme mais où, au contraire, le taux de grévistes diminue peu à peu, cette absence de dialogue devrait finir par le servir. Enfermés dans la gestion d’une grève de plus en plus difficile à assurer, les dirigeants des syndicats de la SNCF pourraient rapidement perdre pied.
L’appel de Philippe Martinez à la relance du “dialogue social” entre l’Etat et les syndicats indique que le patron de la CGT a bien compris le risque actuellement encouru par ses troupes.