Cet article provient du site du syndicat FO.
Le verdict sur le sort de GM&S est repoussé de semaine en semaine, ce qui ne fait qu’alimenter l’inquiétude et la colère des 277 salariés du sous-traitant automobile. La confédération FO va intervenir une nouvelle fois auprès du gouvernement, a annoncé Jean-Claude Mailly sur LCI, dénonçant une « catastrophe industrielle et humaine ».
Le tribunal de commerce de Poitiers a encore décidé lundi 24 juillet d’un délai supplémentaire de sept jours avant de trancher entre fermeture du site ou poursuite de l’activité.
Pourquoi alors avoir précédemment refusé la demande de l’avocat des salariés de prolonger la poursuite d’activité jusqu’au 31 août, date jusqu’à laquelle les salaires sont garantis par l’État, via la Banque publique d’investissement (BPI France) ? On peut pourtant penser que cela aurait laissé le temps de mener plus sereinement la négociation entre l’État, les donneurs d’ordre PSA et Renault et l’unique acheteur potentiel, l’équipementier automobile GMD.
Les salariés ont l’impression que l’ « on joue avec (leurs) nerfs ». Il y a de quoi. Cela fait neuf mois, depuis la mise en redressement judiciaire de l’entreprise en décembre 2016, que l’avenir de leur entreprise, deuxième employeur privé du département de la Creuse, est suspendu à la bonne ou mauvaise volonté de ses deux principaux donneurs d’ordre, de l’État et maintenant de l’éventuel repreneur.
Les conditions mises par GMD pour racheter GM&S ne sont toujours pas remplies, ont jugé les magistrats ce 24 juillet, même si, ont-ils souligné, « des progrès substantiels sont en cours de négociation finale ».
Le repreneur potentiel exige « l’adhésion des salariés à son projet »
Le gouvernement a en effet annoncé avoir obtenu des investissements supplémentaires de Renault et PSA, ce qui permettrait d’atteindre un total de 15 millions d’euros répartis entre l’État et les deux constructeurs automobiles.
Ces derniers ont également fini par accepter de garantir cinq ans de commandes à hauteur de 22 millions par an (sachant qu’il en faudrait à peu près le double pour sauver la totalité des emplois…)
Autre souci : GMD refuse d’avoir à payer le loyer des bâtiments et du terrain de l’usine qui appartiennent encore à ce jour à ceux qui furent les propriétaires de l’entreprise de 2009 à 2014. L’éventuel repreneur voudrait aujourd’hui racheter les murs et le terrain, mais encore faut-il que les parties se mettent d’accord sur le prix…
Enfin, le Tribunal a également souligné vouloir « laisser une dernière chance aux salariés de voir repris 120 d’entre eux s’ils approuvent la proposition de GMD ». Ce dernier exige en effet pour valider définitivement son offre de rachat « l’adhésion des salariés » à son projet. Le P-DG du groupe pourrait d’ailleurs se rendre sur place le 27 juillet pour le leur présenter dans le détail.
Mais 120 emplois maintenus sur 277, ce n’est pas assez !
Mais, pour les salariés « 120 emplois sur 277, c’est court », comme l’a déclaré le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, sur LCI mardi 25 juillet au matin. « Il faut pousser encore le plus possible, il faut tout faire pour que le site soit maintenu avec le maximum d’emplois », a- t-il souligné renvoyant les constructeurs Renault et Peugeot, mais aussi le gouvernement à leurs responsabilités respectives.
GM&S est le deuxième employeur privé du département de la Creuse, un département déjà très affaibli en termes d’industrie et d’emplois. Or, pour un emploi perdu dans l’entreprise GM&S, il faut en compter quatre de plus qui vont disparaitre à leur tour, rappellent le syndicat FO sur place et l’Union départementale qui soutient les salariés de GM&S depuis le début.
« Le gouvernement a une responsabilité en termes de stratégie industrielle »
« C’est une catastrophe industrielle et humaine, a dénoncé Jean-Claude Mailly, le gouvernement doit continuer à peser sur les constructeurs. Les donneurs d’ordre d’une manière générale, quel que soit leur secteur d’activité ont une responsabilité vis-à-vis de leurs sous-traitants. C’est trop facile de leur passer le ballon en disant “ nous on a fait notre boulot, maintenant débrouillez-vous “. FO demande depuis longtemps cette discussion entre donneurs d’ordre et sous-traitants, mais le Medef s’y est toujours opposé ».
En l’occurrence, les donneurs d’ordre, Renault et PSA, ont préféré privilégier la sous-traitance à l’étranger depuis plusieurs années.
Jean-Claude Mailly a donc souligné l’importance de la volonté politique : « le gouvernement peut toujours faire quelque chose. Il a une responsabilité dans le domaine industriel en termes de stratégie ».
D’autant que les possibilités de faire mieux existent. Christian Lafaye, délégué syndical central FO chez PSA et secrétaire fédéral FO Métaux indiquait le 7 juillet : « FO réfléchit depuis plusieurs mois à la situation de GM&S et à la façon de bâtir un plan solide de reprise. Nous en avons conclu qu’il est possible de sauver jusqu’à 160 emplois, d’en garder 40 de plus auxquels on fera appel en cas d’augmentation du volume des commandes, et de garantir de bonnes primes supra-légales et des conditions d’accompagnement social dans le cadre de mesures de 77 départs volontaires. »
Mais, dernier point d’achoppement, pour l’instant ni GMD, ni les donneurs d’ordre ne sont prêt à financer des indemnités de licenciement supra-légales.