Alors que le gouvernement devrait annoncer aujourd’hui qu’il renonce, au moins temporairement, aux hausses de taxe sur les carburants prévues pour l’année prochaine, la question va aussitôt se poser de la poursuite ou non du mouvement des “gilets jaunes”. Espérant pouvoir capitaliser sur la colère populaire pour réintégrer la boucle décisionnelle, les syndicats sont en embuscade et avancent leurs pions.
FO pour des négociations de paie
Par le biais d’un communiqué publié hier, Yves Veyrier, le nouveau secrétaire général de Force Ouvrière, réaffirme ce qu’il avait déjà dit au lendemain de la première manifestation parisienne. Selon lui, il est urgent de s’engager dans des négociations devant aboutir à des hausses des salaires, en tout premier lieu du SMIC, et à la généralisation de la prime transport. “FO renouvelle en conséquence sa saisine du gouvernement pour la réunion rapide d’une commission tripartite (confédérations syndicales et organisations patronales) permettant d’examiner les conditions d’ouvertures rapides de négociations, à commencer sur la généralisation de la prime transport. FO apporte son soutien et appelle les syndicats à agir pour l’ouverture de négociations sur les salaires dans les branches et les entreprises” précise ainsi le communiqué de l’Avenue du Maine.
La CFDT pour une profonde inflexion politique
Du côté de la CFDT, on s’appuie également sur la mobilisation des “gilets jaunes” pour appeler à se mettre autour de la table des négociations, mais en revendiquant une redéfinition bien plus générale des orientations politiques gouvernementales. Interrogé dimanche dernier sur CNews, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a appelé l’exécutif à repenser sa politique fiscale. “Le plus grand geste c’est […] de considérer que les très hauts revenus dans notre pays doivent contribuer davantage”, a-t-il en effet déclaré, proposant d’instituer “une tranche d’impôt supplémentaire”. Surtout, se souvenant que les “accords de Grenelle” avait permis à la France de sortir d’une importante crise il y a cinquante ans, M. Berger a revendiqué la tenue d’un “Grenelle du pouvoir de vivre”, où il serait question de “pouvoir d’achat, de logement”, ainsi que de “services publics”.
La CGT pour des actions dans la rue
Quelque peu chahuté en interne par ses prises de position péremptoires à l’égard du mouvement des “gilets jaunes”, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT n’entend pas, pour sa part, se laisser une nouvelle dépasser de tous les côtés. Pour la CGT, l’heure est à la mobilisation générale et aux manifestations dans les rues. Hier, la centrale a en effet appelé à la tenue d’une “grande journée d’actions” pour le vendredi 14 décembre. “L’absence de réponses concrètes et immédiates du gouvernement et du patronat, leur refus d’ouvrir de véritables négociations, génèrent une légitime colère dans la population” justifie la CGT. Chez les Gaulois réfractaires, les esprits chagrins se demanderont, certes, s’il n’aurait pas été pertinent d’organiser une journée d’actions un peu plus tôt, pour mieux coller à l’actualité.