Alors qu’au grand dam de l’exécutif, ses annonces relatives à la fiscalité écologique n’ont ni calmé la colère citoyenne ni même conduit à la suspension des appels aux manifestations de “gilets jaunes” lancés pour samedi prochain, les syndicats de salariés font tout leur possible pour prendre le train de la contestation sociale en marche. Les soutiens syndicaux aux “gilets jaunes” se précisent.
Réunion confédérale au sommet
C’est l’une des principales informations sociales de la journée : aujourd’hui même, les dirigeants des confédérations salariales françaises, CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, UNSA, FSU et Solidaires, se retrouvent au siège de la CFDT afin de discuter de la situation sociale actuelle du pays et de “trouver des points de convergence”. Il est, certes, très improbable que cette réunion conduise à un message de mobilisation générale. Derrière la CFDT – et FO ? – les organisations modérées devraient plutôt tenter de revendiquer la tenue rapide de négociations salariales dans les branches, voire au niveau national et interprofessionnel. Du côté des organisations traditionnellement plus contestataires, il est possible que cette réunion soit en outre le point de départ d’un changement clair d’attitude à l’égard des “gilets jaunes”, dans le sens d’un soutien confédéral plus affirmé.
CGT et FO Transports dans la boucle ?
A la CGT, cette évolution serait d’ailleurs favorisée par la fébrilité qui s’empare de plusieurs professions. Après le pétrole et les ports et docks, c’est ainsi au tour des transports routiers de se montrer menaçants. Dans le même mouvement que FO Transports, la CGT Transports a en effet appelé à la grève illimitée à compter de dimanche soir prochain. En cause ? Une très récente décision du Conseil d’Etat, qui remet en cause les majorations d’heures supplémentaires à 25 % et 50 % dont bénéficient les chauffeurs routiers. Si le ministère des Transports reçoit les syndicats du secteur aujourd’hui afin de leur assurer que, sur le fond, les choses vont revenir dans l’ordre d’ici le vote de la loi sur les mobilités, dans neuf mois, rien ne garantit que la CGT et FO vont lever leur préavis de grève. Or, dans le contexte actuel, quelques centaines voire un petit millier de camions suffiraient à bloquer tout à fait le trafic routier métropolitain…
Agitations publiques
Outre cette possible évolution routière, des éclats de voix commencent à se faire entendre dans les services publics. La CGT et Sud en sont notamment à l’origine. La fédération CGT des services publics a par exemple lancé un appel à la grève de la fin de cette semaine à la fin du mois, tandis que Sud Education entend “construire la grève dès le 8 décembre” – un mot d’ordre qui ne déplaira pas, à n’en pas douter, à un certain nombre de lycéens et d’étudiants. Surtout, Sud Rail appelle les cheminots à se mobiliser eux aussi, entre autres en permettant aux “gilets jaunes” de se déplacer gratuitement à travers la France. Si, pour l’heure, la CGT Cheminots n’a pas suivi Sud dans ses mots d’ordre, une telle orientation n’est pas à exclure, la récente réforme ferroviaire restant en travers de quelques gorges chez les agents de la SNCF.
Les forces de l’ordre également dans la danse ?
Potentiellement bien plus problématique pour le gouvernement, plusieurs syndicats implantés au sein des forces de l’ordre commencent à faire sérieusement monter la pression. Chez les sapeurs-pompiers, la CGT a notamment appelé à “soutenir la grogne populaire et à l’amplifier, à rejoindre les mouvements locaux des ‘gilets jaunes'”. Plus encore, dans la police nationale, le syndicat Vigi a appelé les personnels chargés des fonctions supports à se mettre en grève à partir de samedi. En outre, FO police, par la voix de son secrétaire général, a fait savoir qu’étant donné l’état d’esprit actuel des policiers nationaux, il fallait s’attendre à ce que des “gilets bleu marine de la Police nationale” en viennent à rejoindre les “gilets jaunes”. Autant dire qu’une telle issue constituerait le début de la fin pour le régime.