Alors que le Président de la République doit annoncer aujourd’hui un certain nombre de mesures destinées à calmer la colère du peuple français, les dirigeants syndicaux, qui ne tiennent pas vraiment le mouvement des “gilets jaunes” dans leur coeur, commencent enfin à formuler des revendications sociales concrètes. Ce n’est, certes, pas encore ça qui est ça…
FO à l’offensive
S’il avait tenu à prendre ses distances avec les “gilets jaunes” aussitôt après son élection à la tête de FO, Yves Veyrier vient pourtant de conduire son organisation à prendre, samedi dernier, une position qui fait écho à plusieurs de leurs revendications. En particulier, Force Ouvrière s’inquiète du “coût de l’énergie” et demande la mise en place immédiate d’un “moratoire sur les taxes”. Ce moratoire pourrait durer jusqu’à la tenue, à brève échéance, “d’une commission tripartite (confédérations syndicales et organisations patronales) avec le ministère du travail afin d’examiner les conditions de la mise en œuvre de négociations permettant de généraliser la prime transport”. A l’occasion de ses premiers pas en qualité de secrétaire général de FO, M. Veyrier veut ainsi se montrer le dirigeant syndical le plus à l’écoute des Français excédés par la politique gouvernementale.
La CFDT à la remorque
N’entendant pas se laisser si facilement distancer par le tout nouveau venu sur la scène confédéral, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a profité de son passage sur BFM TV hier pour formuler quelques revendications qu’il a estimé opportunes dans le contexte actuel. Ainsi, il a suivi FO, proposant de généraliser à l’ensemble du territoire “la prise en charge des déplacements domicile-travail à 50% par l’employeur, qui existe en Ile-de-France”. Il a en outre jugé pertinent de “développer les tickets qui permettent d’utiliser train, bus et tram dans une même ville”. Moins ambitieux que M. Veyrier, M. Berger n’a pas pu s’empêcher, par ailleurs, de réaffirmer qu’il pense qu’il existe un lien entre les “gilets jaunes” et “l’extrême-droite” ni de cantonner le mouvement de contestation actuelle à un mouvement de “personnes qui ont les revenus les plus modestes” – les deux assertions étant fausses.
La CGT mal convoyée
Comme il est de coutume depuis le début du mouvement des “gilets jaunes”, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, n’est pas aux avant-postes de la contestation sociale. Interviewé hier sur CNews, M. Martinez a demandé à Emmanuel Macron qu’il fasse des “annonces concrètes”, sans trop s’avancer lui-même sur ce qu’elles devraient être d’après lui, tout en donnant son avis sur la crise actuelle : “On peut demander à quelqu’un qui est aux minima sociaux de manger bio : il va vous rire au nez”. Tout comme Laurent Berger, Philippe Martinez semble avoir bien du mal à comprendre que les “gilets jaunes” ne sont pas, principalement, des gens vivant des “minima sociaux”. Pour le reste, Philippe Martinez s’en remet à la manifestation organisée le 1er décembre par la CGT, pour les salaires, les emplois et la justice sociale. Une stratégie qui, n’en doutons pas, ne sera pas couronnée de succès.