La ministre du Travail a expliqué sa réforme de la formation professionnelle au Journal du Dimanche. Elle y annonce qu’elle ne fera pas une réformette… mais qu’elle ne touchera pas à la distinction entre apprentissage et professionnalisation. L’usine à gaz continuera donc à tourner.
Il y a quelques semaines, nous nous étions interrogé sur l’intention du gouvernement de s’attaquer ou non au seul sujet qui vaille en matière de formation professionnelle: la distinction obscure, obsolète, incompréhensible pour les employeurs, entre professionnalisation et apprentissage. Ces deux visages de l’alternance entravent en effet son développement parmi les employeurs qui n’y comprennent goutte.
La formation professionnelle sans réforme de l’usine à gaz
Sur ce point, la ministre a douché tous les espoirs permis. La distinction entre l’alternance, financée par l’État (et la fameuse mais incompréhensible taxe d’apprentissage), et la professionnalisation, financée par des contributions des employeurs, subsistera intacte.
La ministre reconnaît que cette dualité est d’autant plus gênante que le statut d’apprenti et de “professionnalisé” n’est pas le même. Néanmoins, le dossier est suffisamment sensible pour qu’elle renonce à y toucher sur le fond. Elle n’a toutefois pas exclu un rapprochement des deux statuts, voire un alignement.
Cette réforme de la formation professionnelle restera donc, comme la précédente cosmétique et donnera sans doute un nouveau prétexte pour prendre la seule mesure qui intéresse l’État: la captation des fonds au profit de la formation des chômeurs, qui devrait pourtant relever de la solidarité.
“Une fusion simplifierait la lecture du système, mais le contrat d’apprentissage est assez rigide alors que le contrat de professionnalisation est une cavalerie légère. Il ne faudrait pas que l’un contamine l’autre, donc ce sujet n’est pas le plus urgent. En revanche, on peut regarder avec les partenaires sociaux et les Régions comment injecter dans le contrat d’apprentissage les souplesses du contrat de professionnalisation, et travailler sur les différences de rémunération qui ne se justifient pas forcément.”
Muriel Pénicaud, JDD