C’est aujourd’hui que le gouvernement lance son application mobile “mon compte formation” et son site internet afin de favoriser le recours des salariés aux dispositifs de formation professionnelle.
Si l’exécutif assure qu’un accompagnement des salariaux désireux de choisir une formation adaptée à leur profil sera effectué, les partenaires sociaux demeurent dubitatifs quant à cette promesse.
La formation professionnelle digitalisée
L’application mobile et le site internet consacrés au compte personnel de formation (CPF) des salariés leur permettent de s’inscrire directement à une formation sans passer par les formalités lourdes et complexes actuellement en vigueur. “L’appli permet une démocratisation de la formation”, se félicite-t-on au ministère du Travail. On y escompte qu’environ un million de travailleurs – sur les 25 millions de salariés disposant déjà d’un CPF et 3 millions d’indépendants appelés à en avoir un au printemps prochain – utiliseront ces dispositifs digitaux.
Abondés de 500 euros par an – ou 800 euros dans le cas des salariés les moins qualifiés – dans la limite de 5000 euros, les CPF qui existent actuellement sont crédités, d’après le ministère du Travail, d’un montant moyen légèrement supérieur à 1000 euros. A titre de comparaison, le coût moyen des quelque 100 000 formations disponibles au choix des salariés est d’environ 1400 euros.
Quelle pertinence de l’offre ?
N’ignorant pas les risques impliqués par une mise en relation directe des demandeurs et des offreurs de formation professionnelle – en termes, notamment, de capacité des premiers à effectuer des choix informés – le gouvernement assure qu’un accompagnement aura lieu. Les demandeurs d’emploi pourront, d’une part, demander conseil à Pôle emploi. Dans le cas des travailleurs, France compétences, nouvel organisme de coordination de la formation professionnelle en France, sélectionne actuellement des opérateurs régionaux chargés d’assumer, au profit des demandeurs de formation, une mission de conseil en évolution des compétences.
A l’évidence, ces mesures d’accompagnement ne semblent pas tout à fait convaincre les partenaires sociaux. Du côté des organisations salariales, on dénonce une marchandisation sauvage de la formation professionnelle. FO critique ainsi une réforme qui “conduira inéluctablement à une individualisation, et donc une diminution des droits des salariés”, tandis que François Hommeril, de la CFE-CGC, juge que le CPF devient un “carnet de tickets de rationnement” au fonctionnement “totalement guidé par les lois du marché”. Du côté du patronat, on s’inquiète plutôt de voir l’accès à la formation professionnelle échapper au contrôle des employeurs.