Force Ouvrière : un soutien de Pascal Pavageau premier candidat pour lui succéder

Alors qu’il reste une semaine aux candidats à la succession de Pascal Pavageau pour se faire connaître, le nom du premier d’entre eux est désormais connu : il s’agit de Patrice Clos, le secrétaire général de la fédération FO des transports et de la logistique. Offensif, M. Clos n’apparaît guère disposé à donner toutes les garanties nécessaires quant à un retour à l’apaisement en interne. 

Un tenant de la ligne dure

Âgé de 53 ans, Patrice Clos dirige une fédération que l’on ne saurait qualifier de modérée. La fédération FO des transports fait en effet partie de celles qui campent des positions dures et qui ne rechignent pas à recourir à des méthodes fortes. Ainsi, l’an passé, Patrice Clos s’était illustré à la tête d’un mouvement de protestation des transports routiers contre les ordonnances Travail – mouvement qui, soit dit en passant, a permis à la profession de contourner lesdites ordonnances dans le domaine de la détermination des salaires. Il arrive également à M. Clos d’assurer pleinement des propos politiquement incorrects – en l’occurence : protectionnistes – que d’autres responsables syndicaux n’oseraient plus assumer. En bref, au sein de Force Ouvrière, Patrice Clos n’est pas vraiment sur la ligne “Mailly 2017”, mais bien plutôt sur la ligne Pavageau. 

Un soutien de Pascal Pavageau

Dans le cadre de la succession entre les deux secrétaires généraux, Patrice Clos comptait d’ailleurs parmi les soutiens de Pascal Pavageau. Plus encore, M. Clos n’a pas renié son engagement auprès du très fugace patron de FO, dont il a récemment déclaré avoir regretté la démission. Il semble même qu’il considère opportun de faire de sa proximité avec M. Pavageau un argument de campagne puisqu’il précise, dans sa déclaration de candidature, que sa démarche est rendue légitime par le fait qu’il n’a pas “participé de près ou de loin au congédiement public de Pascal Pavageau”. Autrement dit : alors même que M. Pavageau a dû quitter son poste dans les circonstances particulièrement difficiles que la France entière sait, Patrice Clos n’entend pas du tout prendre ses distances avec lui. C’est qu’en réalité, fondamentalement, Patrice Clos entend reprendre le flambeau de Pascal Pavageau. 

La reprise des combats

En particulier, le candidat à la direction de FO souhaite d’abord “faire respecter les résolutions” votées à 96 % lors du dernier congrès de FO et plaçant la centrale du côté des syndicats dits “contestataires”. Ensuite, si Patrice Clos se veut rassurant quant à son ouverture d’esprit, déclarant vouloir respecter “les sensibilités traditionnelles” internes à l’organisation, il précise aussitôt que ces dernières ne doivent pas “pren[dre] le pas dans les décisions”. Autrement dit : M. Clos ne veut pas se faire dicter sa loi par les trotskistes, réformistes et autres francs-maçonneries actifs au sein de la centrale. Enfin, Patrice Clos veut causer gros sous, réaffirmant son souhait de mener à bien l’audit comptable de FO voulu par Pascal Pavageau. “Seule la pleine lumière sur le financement des fédérations et unions départementales” FO pourra éviter à l’organisation de retomber dans ses “dérives très graves” juge-t-il. 

Une démarche opportune ?

En ne reniant aucun des principaux combats de Pascal Pavageau, Patrice Clos prend clairement le risque de se mettre à dos ceux qui, puissants au sein de FO, ont eu raison du secrétaire général démissionnaire. On voit mal pourquoi les responsables de la centrale éliraient comme successeur de M. Pavageau quelqu’un qui promet de poursuivre son oeuvre. Ceci étant dit, M. Clos a beau jeu de mettre tous ses camarades face à leurs responsabilités en leur rappelant que les orientations défendues par Pascal Pavageau ont été adoptées en congrès. Surtout, il n’est pas sans savoir que, dans l’état actuel des choses, aucune des grandes tendances internes ne peut s’imposer aux autres. Un choix de continuité avec celui réalisé il y a six mois au profit de Pascal Pavageau, n’est donc pas impossible. Une telle issue signifierait, certes, que FO serait décidément engluée dans une crise profonde… 

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