Le congrès de Force Ouvrière a débuté lundi, mais le discours de Jean-Claude Mailly, qui devrait être réélu vendredi pour un quatrième mandat, est intervenu lundi soir. Il a donné lieu à un plaidoyer en faveur du paritarisme. Pendant ce temps, le CCN de la CGT élisait sans surprise Philippe Martinez au poste de secrétaire général, en remplacement de Thierry Lepaon. FO et la CGT, qui représentent près de la moitié des salariés, sont aujourd’hui sur des lignes “révolutionnaires”.
Jean-Claude Mailly a dénoncé la politique du gouvernement
Lors de son rapport d’activité, Jean-Claude Mailly a évoqué la politique gouvernementale en termes peu flatteurs, parlant notamment de social-libéralisme et de régression. Il a aussi défendu le modèle paritaire, à l’approche des négociations sur les retraites complémentaires qui doivent s’ouvrir prochainement. Pour Force Ouvrière, la préservation du modèle acquis constitue un enjeu fort.
De ce point de vue, l’intervention de Jean-Simon Bitter, représentant des assurances, n’a pas détonné.
L’intéressé a notamment dénoncé le plan social en cours chez AIG, en rappelant que les assureurs étaient au coeur du capitalisme financier. Il a rappelé que la généralisation de la complémentaire santé constituait un marché juteux pour ces mêmes assureurs dont l’une des figures les plus importantes, Denis Kessler, est un ennemi déclaré de la sécurité sociale.
Un congrès financé par les acteurs paritaires?
A y regarder de plus près, on se demandera toutefois dans quelle mesure la confédération conserve sa totale indépendance lorsque son site affiche une liste de partenaires: AG2R, GMF, Humanis, INPC, MACIF, Malakoff Médéric, qui ont partie liée avec ces discours. Bien entendu, chacun peut entendre que FO soit attaché à un modèle paritaire et se plaise à l’opposer au fonctionnement assurantiel. Mais il est quand même étonnant qu’aucun partenaire ne soit référencé en dehors de la santé collective… On serait plus à l’aise si des acteurs étrangers à la protection sociale complémentaire intervenaient.
FO ennemie de la transparence des données de santé
On relèvera également que, lors de son intervention, Jean-Simon Bitter a dit tout le mal qu’il pensait de la transparence des données de santé, perçue comme une arme destinée à détruire la sécurité sociale. Le délégué des assurances n’a d’ailleurs pas hésité à voir dans la transformation numérique de la santé un danger pour le modèle hérité de 1945.
Ce discours a au moins le mérite de la clarté. Il montre comment la révolution technologique en cours tend les forces sociales et crée de la conflictualité latente, y compris au niveau des partenaires interprofessionnels.