Cette publication a été diffusée sur le site du syndicat de salariés CFE-CGC.
Les partenaires sociaux ont débuté une concertation sur les travailleurs dits de la « deuxième ligne » mis en lumière durant la crise sanitaire. Objectifs : redéfinir ces salariés et améliorer leur rémunération ainsi que leur formation.
Qui sont-ils ? Dans quels secteurs travaillent-ils ? Comment améliorer leur situation professionnelle ? Telles sont les questions principales qui viennent à l’esprit quand on parle des travailleurs de la « deuxième ligne », ces mystérieux bataillons mis en lumière par la pandémie de la Covid-19 et les deux confinements. À cela, la CFE-CGC en ajoute une quatrième : dans quel mesure l’encadrement est-il concerné ? Pour répondre à ces questions, des concertations se déroulent entre partenaires sociaux depuis le mois de novembre avec le ministère du Travail. La CFE-CGC est la première organisation syndicale représentative à avoir été reçue pour exposer, avec les idées claires, sa vision du sujet.CAISSIÈRES, PERSONNEL DE MÉNAGE, ÉBOUEURS, LIVREURS : DES MÉTIERS TRÈS SOLLICITÉS DURANT LA CRISEDans l’imaginaire créé par la Covid, les travailleurs de la « deuxième ligne » sont ceux qui sont sur le terrain, en contact avec le public – et donc exposés à un risque sanitaire direct – mais pas en toute « première ligne » comme le personnel soignant, et s’occupant de tâches a priori moins valorisées quoique tout aussi nécessaires : caissières, personnel de ménage, éboueurs, livreurs… Le but de la mission gouvernementale porte d’abord sur l’établissement d’une liste précise des métiers et des secteurs correspondant à cette appellation de « deuxième ligne ». Par la suite, il est prévu d’analyser la qualité de ces emplois, puis d’accompagner les branches professionnelles dans la revalorisation des métiers concernés.Les deux expertes à laquelle la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a confié la mission de concertation, sont des personnalités de référence du monde du travail et des ressources humaines : il s’agit de Sophie Moreau-Follenfant, aujourd’hui la DRH de RTE après avoir été celle de Derichebourg ; et de Christine Erhel, économiste du travail, professeure au Cnam et membre du comité d’évaluation des ordonnances Macron de 2017.LA CFE-CGC FORCE DE PROPOSITIONPour la CFE-CGC, il y a deux temporalités à distinguer : dans l’immédiat, la mise en place d’un système de primes pour répondre à l’urgence et pour saluer la mobilisation des salariés de la « deuxième ligne » durant toute la période récente difficile ; sur la durée, la construction d’un référentiel et de solutions pérennes passant par une revalorisation salariale et par une politique de formation et d’accompagnement.Au coeur des propositions de la CFE-CGC, on trouve l’idée de compléter le salaire minimum de branche existant par un coefficient multiplicateur ponctuel des salaires en fonction de la « dangerosité du moment ». Ce mécanisme, inspiré du système de majoration des pensions qu’utilise l’armée pour les militaires envoyés en opérations extérieures, permettrait à un salarié en situation de risque sanitaire potentiel d’être automatiquement mieux payé qu’en temps normal. Concernant la définition proprement dite des travailleurs de la « deuxième ligne », la CFE-CGC demande que des critères « simples, lisibles et opérationnels » soient définis au niveau interprofessionnel et qu’ils soient « suffisamment larges » pour n’oublier aucun des salariés concernés – y compris ceux de l’encadrement – partant du principe que « la qualification et le statut ne sont pas des protections contre le risque sanitaire ». À partir du niveau interprofessionnel, ce serait ensuite à la branche de définir les types de métiers concernés et à l’entreprise de déterminer les postes.IMPLIQUER LES BRANCHES PROFESSIONNELLESSur le fond, la CFE-CGC estime que l’attractivité de ces secteurs relève de la compétence des branches et que c’est à elles de revaloriser les professions concernées et de travailler sur la notion de parcours professionnels et de formation professionnelle. Elle propose aussi qu’un « abondement compte personnel de formation (CPF) conséquent » soit institué pour tous les salariés de la « deuxième ligne », afin de leur permettre de construire leur carrière.QUATRE DATES À RETENIR• 14 OCTOBRE 2020Courrier commun des cinq organisations syndicales représentatives (CFE-CGC, CFDT, CGT, FO, CFTC) au Premier ministre, Jean Castex, dans lequel elles exigent, entre autres, « une réunion d’urgence consacrée à la reconnaissance effective du rôle essentiel des salariés et salariées des emplois dits de la deuxième ligne ».• 6 NOVEMBRE 2020Lancement de la concertation sur les travailleurs de la « deuxième ligne » au ministère du Travail en présence de la ministre, Élisabeth Borne, et des partenaires sociaux.• 25 NOVEMBRE 2020Audition des représentants de la CFE-CGC, Raphaëlle Bertholon et Jean-François Foucard, secrétaires nationaux confédéraux, par les deux personnes qualifiées chargées de la concertation : Sophie Moreau-Follenfant, DRH de RTE, et Christine Erhel, professeure au Cnam.• FIN DÉCEMBRE-DÉBUT JANVIERRestitution de la première phase de la mission visant à établir une liste des métiers concernés.