FO s’indigne face à la restriction de l’intérêt à agir des syndicats

Cet article a été publié sur le site du syndicat FO.

Dans une décision très contestable, le Conseil d’État a jugé, pour la première fois à notre connaissance, qu’une union de syndicats (comme une Confédération, une Fédération voire une Union départementale) n’avait pas d’intérêt à agir contre un arrêté préfectoral sur le travail du dimanche lorsque celui-ci n’a qu’un impact très local (CE, 24-5-17, n°392661). 

Dans cette affaire, la Fédération des employés et cadres de la Confédération générale du travail —Force Ouvrière (FEC FO), et le syndicat Force Ouvrière des employés et cadres du commerce du Val-d’Oise, ont demandé au tribunal administratif de Melun d’annuler pour excès de pouvoir l’arrêté du 1er août 2012 par lequel le préfet du Val-de-Marne a autorisé la société Autobacs à déroger, pour une durée d’un an, à la règle du repos dominical, pour un magasin situé à Bonneuil-sur-Marne. 

Concernant le syndicat Force Ouvrière des employés et cadres du commerce du Val-d’Oise, celui-ci ne justifiait pas d’un intérêt lui donnant qualité pour demander l’annulation de la décision préfectorale d’ouvrir le dimanche, dans la mesure où l’établissement commercial se trouvait dans le Val-de-Marne. 

Le syndicat FO des employés et cadres du commerce du Val-d’Oise ne soutenait pas que des salariés habiteraient dans le Val-d’Oise, mais seulement qu’ils étaient susceptibles d’y habiter ou d’y exercer leur activité, la société ayant son siège et disposant de deux autres établissements commerciaux dans ce département. 

Ainsi, eu égard à la portée de la décision en litige, le syndicat Force Ouvrière des employés et cadres du commerce du Val-d’Oise ne justifiait pas d’un intérêt lui donnant qualité pour demander l’annulation de l’arrêté préfectoral. 

Si les syndicats peuvent, devant toutes les juridictions, exercer tous les droits réservés à la partie civile concernant les faits portant un préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif de la profession qu’ils représentent (art. L 2132-3 du code du travail) et si cet intérêt collectif ne se limite pas à celui de ses adhérents, encore faut-il, pour le Conseil d’État, que l’action d’un syndicat ou d’une union de syndicats en vertu de cet intérêt collectif ait un lien local avec les statuts du syndicat en question : l’intérêt à agir d’un syndicat ou d’une union de syndicats s’apprécie au regard de la portée de la décision contestée

La décision préfectorale en cause avait pour objet d’accorder une dérogation à la règle du repos dominical à un unique établissement de la société Autobacs, dont il ne ressort pas des pièces du dossier soumis aux juges du fond que l’activité de commerce de détail d’équipement automobile excéderait un cadre local. Eu égard à la portée de la décision en cause, une union nationale de syndicats défendant les intérêts collectifs, notamment des salariés du commerce non alimentaire, comme la fédération requérante (FEC FO), ne justifiait pas d’un intérêt lui donnant qualité pour demander l’annulation de la décision qu’elle attaquait, alors même que cette décision accordait une dérogation à la règle du repos dominical que la fédération requérante s’est donnée pour objectif de préserver lors de plusieurs congrès fédéraux. 

Par cette décision, le Conseil d’État restreint considérablement la capacité à agir d’une union de syndicats, même lorsqu’elle est en lien avec une question de principe, comme le respect du repos dominical, que le syndicat s’est donné pour objectif de défendre. Elle rajoute une condition au texte qui n’existait pas auparavant. 

Quelle sera la position de la Cour de cassation lorsque celle-ci sera amenée à juger d’un litige relevant de sa compétence ? Affaire à suivre… 

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmark Close
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Un premier avenant intéressant pour la PSC du ministère de l’Intérieur

Un an après la signature de l’accord ministériel du 16 mai 2024 sur la protection sociale complémentaire (PSC) des agents du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, un premier avenant est venu, le 12 mars 2025, en corriger plusieurs aspects. Publié au Journal officiel d'aujourd'hui, ce texte modifie la structure des bénéficiaires, ajuste un article sur la gouvernance et corrige une rédaction ambiguë sur les ayants droit. La principale évolution porte sur...

Budget 2025 : plus de 33 milliards d’euros alloués aux établissements médico-sociaux par la CNSA

Un arrêté publié au Journal officiel d'aujourd'hui, fixe pour l’année 2025 l’objectif de dépenses et le montant total annuel des financements alloués aux établissements et services médico-sociaux relevant de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). L’objectif de dépenses est établi à 33 248,30 Md€ pour l’ensemble du secteur. Ce montant se répartit entre 17 538,87 Md€ pour les établissements et services accueillant des personnes âgées...

Dotations médico-sociales 2025 : 32,55 Md€ répartis entre les régions par la CNSA

Par décision du 2 juin 2025, publiée au Journal officiel d'aujourd'hui, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a fixé les dotations régionales limitatives applicables aux établissements et services médico-sociaux pour l’année 2025. Ces dotations, réparties par Agence régionale de santé (ARS), concernent à la fois les structures accueillant des personnes âgées et celles destinées aux personnes en situation de handicap. Le montant total...