A Force Ouvrière, les candidats à la succession de Pascal Pavageau ont jusqu’à aujourd’hui pour se faire connaître. Trois prétendants se sont déclarés et, sauf grosse surprise de dernière minute, le futur secrétaire général de FO est l’un d’eux. Une rapide analyse du profil des uns et des autres conduit à s’interroger sur leur capacité à rassembler largement en interne.
Patrice Clos, la fragile ligne dure
Patrice Clos, 53 ans, est le premier à s’être déclaré candidat à la succession de Pascal Pavageau. Secrétaire général de la fédération FO des transports et de la logistique, M. Clos est considéré, en interne, comme un tenant de la ligne dure et des méthodes fortes – on le dit d’ailleurs anarchiste. Lors de la succession de Jean-Claude Mailly, Patrice Clos a soutenu M. Pavageau. Plus récemment, il a regretté son départ de la tête de FO, sans jamais prendre ses distances avec lui. Il est vrai qu’il entend donner à FO la même ligne directrice que celle de M. Pavageau. A ce titre, il souhaite d’ailleurs mener à bien l’audit comptable de l’organisation voulu par l’ancien patron de FO, afin de faire “la pleine lumière sur le financement des fédérations et unions départementales”. Tout ceci étant dit, il n’apparaît pas évident que M. Clos soit en mesure de convaincre une majorité de responsables fédéraux et territoriaux…
Christian Grolier, un peu moins minoritaire
Christian Grolier, 52 ans, est le second prétendant à la direction de Force Ouvrière. Moniteur d’auto-école de formation, il a ensuite intégré l’administration de la sécurité routière. Issu du syndicat national Force ouvrière des inspecteurs, cadres et administratifs du permis de conduire et de la sécurité routière (Snica-FO), il en a été le secrétaire général de 2004 à 2012. En 2012, il a pris la tête de la puissante fédération FO des fonctionnaires, où l’influence trotskiste demeure importante. Enfin, si M. Grolier n’est pas un inconnu au niveau confédéral : il est membre de la commission exécutive et du comité confédéral national de FO, il n’apparaît pas lié de près au feuilleton Pavageau. En somme, la candidature de M. Grolier peut apparaître comme celle ayant les faveurs de la fraction trotskiste de FO – fraction qui, si elle est importante, n’en est pas moins minoritaire.
Yves Veyrier, un sortant de longue date
Enfin, Yves Veyrier, 60 ans, se verrait bien lui aussi devenir secrétaire général de FO. Ingénieur météorologue de formation, il a travaillé à Météo France. M. Veyrier est, surtout, un dirigeant de FO depuis bien longtemps. Il a en effet intégré le bureau confédéral en 2004. Autant dire qu’il peut être considéré comme faisant partie des meubles de l’Avenue du Maine. Sa juridiction, dans le bureau actuel, en dit d’ailleurs long : il est “secrétaire confédéral au secteur des études prospectives, de l’histoire de l’organisation”, soit en quelque sorte la mémoire et la lanterne de la centrale. La longévité de M. Veyrier implique en outre qu’il est proche de Jean-Claude Mailly. Au total, s’il peut rassurer beaucoup de responsables de l’organisation soucieux de retrouver l’unité de l’ère Mailly, il n’apparaît guère sur la ligne offensive de la résolution votée à la quasi-unanimité lors du dernier congrès de l’organisation.
Quinze jours de tractations
Le successeur de Pascal Pavageau sera choisi par les responsables de Force Ouvrière lors d’un comité confédéral national organisé le 21 novembre prochain. La centrale n’a jamais connu d’élection de ce type avec plus de deux candidats. Les quinze prochains jours vont donc donner lieu à d’intenses tractations afin d’éviter que le prochain CCN soit le lieu d’un mauvais spectacle de division générale.