FO milite pour l’augmentation urgente des salaires

Cette publication provient du site du syndicat de salariés FO

 

L’année dernière, nous avions interrogé Eve Caroli. Cette économiste du travail a siégé de 2013 à 2017 dans le groupe d’experts indépendants qui effectue une analyse annuelle du salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic). Déjà pour l’année 2018, elle considérait que les conditions étaient réunies pour une augmentation très significative du Smic. Nous republions une partie de cet entretien. 

Pensez-vous qu’un coup de pouce est souhaitable en 2018 ? 

Eve Caroli : À titre personnel, je pense que les conditions sont réunies, et elles pouvaient déjà l’être pour 2017. Pour une raison mécanique, la loi dit que le Smic augmente de l’inflation et de la moitié de l’augmentation du pouvoir d’achat du salaire horaire de base des ouvriers et des employés. S’il y a des gains de pouvoir d’achat pour les ouvriers et les employés, les salariés au Smic n’en profitent que pour moitié. S’il n’y a jamais de coup de pouce, l’écart entre le Smic et le salaire moyen des ouvriers et employés augmentera.
Donc l’absence de coup de pouce accroît les inégalités au bas de la distribution des salaires. Il s’agit d’un grand facteur de frustration des salariés en bas de l’échelle, qui peut se manifester éventuellement par une baisse de leur effort et donc de la productivité, et surtout par des effets néfastes sur la cohésion sociale. 

 

Pourquoi le groupe d’experts a-t-il été systématiquement défavorable à un coup de pouce au Smic ? 

Eve Caroli : Je pense que ce groupe ne devrait pas être constitué comme il l’est. Dans sa forme actuelle, en tout cas tel que moi je l’ai vécu, il y a une sorte de disjonction entre la production d’une information extrêmement riche et de nature assez scientifique, et une décision qui est prise sur la base de quelque chose qui relève plus de l’intime conviction et de craintes des effets sur l’emploi d’une augmentation du Smic. 

 

Comment remédier à ce problème de prise de décision ? 

Eve Caroli : La décision d’augmenter le Smic au-delà de l’augmentation mécanique annuelle est une prise de risque qui ne peut pas être une décision d’experts. C’est une décision qui forcément comporte une dimension politique. Fondamentalement, il faut que les organisations syndicales et patronales y soient représentées. Le groupe a besoin d’effectuer des analyses en tenant compte de ce qui se passe réellement dans les entreprises et comment les salariés vivent cela. En Angleterre, la low pay commission est composée de représentants du patronat et des syndicats ainsi que d’experts académiques. Tout le monde discute et fait émerger une décision qui n’est pas qu’un simple conseil au ministre, comme c’est le cas en France. 

 

Le groupe commande également des études aux administrations… 

Eve Caroli : Pour le rapport 2016, nous avons commandé des études sur les trajectoires salariales. Le résultat des études a montré que lorsqu’on commence au Smic, on y reste longtemps. Et quand on en sort, les rémunérations restent dans les environs du salaire minimum. Cela veut dire qu’il y a des personnes qui sont coincées dans le bas de l’échelle salariale. 

 

 

En 2018, les revendications de FO sont toujours d’actualité
Face à la perte du pouvoir d’achat que subit nombre de ménages de salariés depuis la crise de 2008, FO affirme l’urgence d’une augmentation générale des salaires, de la valeur du point d’indice, des retraites et pensions. Cela passe en particulier par une augmentation du Smic, dont FO estime qu’il devrait être porté à 80 % du salaire médian, soit un Smic mensuel net à hauteur de 1 437 euros contre 1 184 aujourd’hui.
FO constate que le gouvernement ne semble pas bouger sur le Smic. La hausse indiquée de 3 % correspond en effet au 1,8 % attendu du seul fait de l’inflation et de l’effet du basculement des cotisations sociales sur la CSG. Cela ne répond pas à la revendication de FO d’une hausse significative du Smic qui permette d’entraîner plus largement les hausses de salaires dans les conventions collectives.
Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer

Frais de santé : la MGEN remporte le ministère de la Culture

Au printemps dernier, le ministère de la Culture avait engagé sa procédure d'appel d'offres pour la couverture de frais de santé de ses agents et anciens agents. D'après des sources concordantes, c'est la MGEN qui a remporté le marché. Après sa victoire dans le cadre de l'appel d'offres de frais de santé du Conseil d'Etat, c'est un deuxième succès important en quelques semaines pour le mutualiste. Ces deux réussites lui permettront peut-être de passer outre l'échec...

Les ateliers et chantiers d’insertion consultent le marché en frais de santé

Les représentants paritaires de la CCN des ateliers et chantiers d'insertion viennent de lancer un appel d’offres afin de recommander un ou plusieurs organismes pour l’assurance et la gestion du risque de frais de santé pour ses salariés. Le cahier des charges est à retirer à l’adresse suivante : aosante.aci@gmail.com et les offres doivent être formulées avant le 10 mars prochain. Plus de détails...

Avis d’extension d’avenants à la CCN de la production audiovisuelle

La ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles, envisage d’étendre, par avis publié le 25 janvier 2025, les dispositions de l’avenant n° 20 du 29 novembre 2024 relatif aux salaires minima conventionnels et de l'avenant n°21 du 29 novembre 2024 relatif au Comité central d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CCHSCT), conclu dans le cadre de la convention collective nationale de la production audiovisuelle...