Cet article a été intialement publié sur le site du syndicat FO.
Quand on a des difficultés avec le présent, on parle avenir. C’est ce qu’a fait le gouvernement pour sa quatrième Conférence sociale qui s’est tenue le 15 octobre au Palais d’Iéna à Paris. Avec 1,2 million de demandeurs d’emploi de plus depuis le début du quinquennat et une croissance nulle au second trimestre, on comprend que le gouvernement ait souhaité évoquer les nouvelles technologies et l’environnement plutôt que son bilan social.
La conférence a été qualifiée de « petite messe » par Jean-Claude Mailly. Si la confédération FO avait boycotté la précédente édition, elle a fait le choix de participer à celle-ci, notamment pour y exprimer ses « désaccords ». Et le matin même, devant le Président de la République, le secrétaire général de FO était le seul à émettre une voix dissonante et à prendre date devant les dangers auxquels la démocratie doit faire face.
Après une première séance plénière consacrée aux questions du travail et du numérique, le Président de la République a prononcé le discours d’ouverture de la conférence. Entre la reprise de poncifs libéraux sur une « illisibilité du code du travail » et les risques qui pèsent sur le paritarisme, François Hollande s’est prévalu d’un dialogue social qui serait sa marque de fabrique. Mais un dialogue à ses conditions : « Le statu quo n’est plus possible. L’alternative, c’est la réforme ou la rupture. La rénovation du modèle social ou sa disparition » a ainsi martelé le chef de l’Etat. Le président prône donc le dialogue mais sans alternative…
Jean-Claude Mailly lui a, après ce discours, reproché une vision « binaire, caricaturale » du dialogue social, précisant que le syndicalisme « supporte mal l’autoritarisme social ».
Le Président, comme son Premier ministre, ont émis le souhait que « le dialogue social se rapproche de l’entreprise » en s’appropriant les conclusions du rapport Combrexelle. Le chef de l’État a précisé que « l’accord majoritaire peut permettre d’aller dans cette voie ». Il a, de plus, confirmé sa volonté de réduire le nombre de branches de 750 à 50, comme en Allemagne.
Beaucoup de communication, peu de contenu
Le Compte Personnel d’Activité faisait lui l’objet d’une table-ronde, alors que son principe a été arrêté dans la loi Rebsamen du 17 août dernier. Ce compte prévoit de rattacher tous les droits sociaux (formation, pénibilité, assurance chômage) à l’individu et non plus au contrat ou au statut. L’après-midi, deux autres tables-rondes se sont tenues sur la transition énergétique et les enjeux de la transformation numérique. L’occasion, pour la confédération, sur chacun de ces sujets de rappeler ses positions et ses lignes rouges.
Tout à ses artifices de communication, Manuel Valls, en conclusion de la conférence, a réinventé le chèque syndical… qui existe depuis 25 ans chez Axa sans rencontrer un formidable succès. S’il a regretté que seules 14 sur les 50 plus grandes branches aient signé un accord dans le cadre du Pacte de responsabilité en des termes mesurés, il a longuement « assumé » les reculs sociaux : du travail du dimanche à l’accord minoritaire du Service public, en passant par celui sur les retraites complémentaires.
Jean-Claude Mailly avait récemment qualifié le Premier ministre de libéral-autoritaire. Si Manuel Valls n’a pas contesté le terme libéral, il est revenu sur le mot autoritaire et a affirmé lors des conclusions de la journée que « confondre mouvement et autoritarisme, c’est ne plus laisser qu’une option, le conservatisme ». Réponse qui est une démonstration d’autoritarisme, car elle ne laisse aucun choix à son interlocuteur comme l’a rappelé le secrétaire général de la confédération.