FO épingle la présentation de la loi Macron 2

Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat de salariés FO.

 

Lors d’un show à Bercy, au ministère, le ministre a tenté de « vendre » sa future réforme… sans en dévoiler cependant la moindre mesure concrète. 

Emmanuel Macron a lancé la bande-annonce de son futur projet de loi. Modestie (ou communication) oblige, il ne s’intitulera pas Macron II mais « #noé » pour de nouvelles opportunités économiques. « Je ferai une première série de propositions à la mi-décembre, puis un point début janvier et il y aura un texte de loi présenté en janvier », a-t-il précisé lors de la présentation d’un document de cadrage censé décrire les problèmes que la loi devrait régler. 

Or ce document est édifiant. Il aligne sur une trentaine de pages un nombre impressionnant de lieux communs tels que « la France est traversée par de profondes mutations technologiques », d’analyses à l’emporte-pièce : « Le nombre d’entreprises du top 10 mondial risquant, du fait des disruptions liées au numérique, de disparaître à horizon de cinq ans est au minimum de deux dans chacun des principaux secteurs de l’économie », assène le document, qui accompagne son analyse d’un graphique… non sourcé. 

 

Vers une individualisation du droit du travail ? 

Rédigé dans un sabir de consultant qui se voudrait technique, le document essaie de faire passer un seul message, « les frontières entre les secteurs traditionnels n’ont plus lieu d’être » : on ne pourrait plus distinguer l’industrie des services. À l’appui de sa « démonstration », le fait que les serveurs de Google nécessitent d’être… refroidis. Et la conséquence de cette disparition est simple : « C’est l’ensemble de l’économie qui est touché ». Mais selon le document, « l’économie numérique ouvre l’accès au marché du travail aux outsiders peu qualifiés », ce qui est un exemple du « prétexte numérique » dénoncé par FO : au nom du numérique, #noé propose d’« adapter les niveaux de qualification » de peintres, de coiffeurs… des métiers éloignés du numérique. 

Enfin, le document considère la donnée comme « la nouvelle ressource de l’économie numérique », arguant que « Facebook, Uber, Airbnb, Amazon : toutes ces entreprises fondent leur force et leur croissance sur cet actif immatériel ». Si les données sont effectivement au cœur du modèle économique de Facebook, la situation est différente pour Uber ou Airbnb dont « la force et la croissance » ne proviennent pas des données de leurs usagers, mais des commissions réalisées par la mise en relation entre un client et un prestataire. Et pour un document de prospective, on ne peut que regretter que ses auteurs ignorent que ce système de commissionnement est lui-même menacé de disruption par une technologie nouvelle, nommée « blockchain ». 

Le pensum du ministre s’ouvre sur cette maxime « Lorsque le vent souffle, certains construisent des murs, d’autres érigent des moulins »… En terme de brassage de vent ce document est effectivement un modèle, mais cette communication poursuit un objectif : comme le rappelait Pascal Pavageau, secrétaire confédéral chargé de l’économie, « #noé, c’est l’arche du prétexte : le gouvernement utilise le numérique pour casser le Code du travail ». C’est pourquoi FO continuera de défendre et de renforcer les droits collectifs, afin d’« éviter qu’une poignée de privilégiés montent sur l’arche du numérique et que les salariés seuls subissent le déluge ». 

 

Décryptage : Le lien entre numérique et auto-entreprenariat, pas si évident 

Selon le ministère, le statut d’auto-entrepreneur « connaît un succès grandissant », précisant que, fin 2014, près d’un million de personnes étaient en emploi non salarié. Il oublie simplement de préciser (données Acoss) que près d’un auto-entrepreneur sur deux était inactif économiquement à cette période et que le chiffre d’affaires moyen était en recul sur un an : 3 290 euros par trimestre, soit moins de 1 100 euros par mois. En outre, sur les 574 000 auto-entrepreneurs actifs économiquement fin 2014, seuls 19 500 (3,4 %) travaillaient dans l’informatique. Les gros bataillons d’auto-entrepreneurs étant plutôt à chercher dans l’industrie, le BTP, le commerce, le spectacle et la coiffure… pas grand-chose à voir avec le numérique donc. 

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