FO dénonce l’obligation du port d’une puce électronique pour les salariés de Sanofi

Cet article a été initialement publié sur le site du syndicat : FO

 

Des salariés du Campus Sanofi Val de Bièvre à Gentilly se sont rassemblés le 21 avril à l’appel de plusieurs syndicats, pour dénoncer leur géolocalisation permanente via un porte-badge équipé d’une puce électronique RFID. La direction prétend que ce système, anonyme, vise à mesurer le taux d’occupation des locaux. FO reste sceptique sur les intentions du groupe alors qu’un plan social est en cours. 

« C’est la psychose, on se sent surveillés en permanence, même quand on va aux toilettes », s’insurge Georges, salarié sur le Campus Sanofi Val de Bièvre à Gentilly, en région parisienne. Le 21 avril, il participait au rassemblement organisé devant l’entrée principale du site pour dénoncer le port obligatoire d’un porte-badge équipé d’une puce électronique RFID, permettant une géolocalisation en temps réel. 

« On nous dit qu’il n’y a que quatre bornes de détection, mais on pense qu’il y en a beaucoup plus. Moi ça me rend parano, le soir je ne ramène pas le porte-badge chez moi, j’ai peur d’être fliqué », poursuit-il. 

La mobilisation, organisée par les unions départementales FO, CGT et le syndicat étudiant Unef du Val-de- Marne, aurait pu être plus fournie si les services de sécurité n’avaient pas fermé l’entrée principale, obligeant les salariés à sortir par l’arrière et à marcher plusieurs centaines de mètres pour rejoindre le rassemblement. 

Une mise à pied pour absence de porte-badge

Les 3000 salariés du site ont reçu leur porte-badge le 6 avril, malgré l’opposition du CHSCT. Le règlement intérieur, récemment modifié, précise qu’il doit être porté en permanence de manière apparente, sous peine de sanctions. La mise à pied peut aller jusqu’à 15 jours selon les délégués FO. 

La direction assure que ces supports, qui avaient déjà été distribués en juin dernier sur le site de Carteret à Lyon, sont anonymes et peuvent être échangés entre salariés. Son objectif est, selon un communiqué, de « mesurer l’occupation en temps réel des salles de réunion et des espaces de co-working et d’identifier les espaces disponibles au plus près des besoins ». Le site de Gentilly, inauguré en juin 2015, accueille des salariés « nomades », sans bureau attitré. 

Une collecte des données personnelles est-elle possible ?

« Ce n’est pas une puce passive, qui enverrait une information en passant sous un portique, comme le pass Navigo, mais une puce active, équipée d’une pile, qui envoie un signal sur une portée de 100 mètres, s’inquiète Pascal Lopez, délégué central FO chez Sanofi Adventis Groupe. Les moyens mis en place nous semblent totalement disproportionnés s’il s’agit seulement de surveiller la fréquentation des espaces collectifs. On se demande s’il n’est pas possible de croiser les informations entre le badge, nominatif, et la puce électronique. Nous n’avons pas la preuve du contraire. La direction nous reproche d’inquiéter inutilement les salariés mais ce sont eux qui nous ont saisis. » 

La direction prétend avoir consulté la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) et être dans la légalité. « Le système de porte-badge est totalement anonyme et ne doit donc pas faire l’objet d’une déclaration », assure-t-elle dans un communiqué. « Pourtant, la direction refuse de nous donner les documents l’attestant », poursuit Pascal Lopez. 

FO veut vérifier la légalité de la procédure

Il a donc contacté la Cnil le 14 avril pour vérifier que Sanofi avait bien suivi la procédure. En application de l’article 31 de la loi Informatique et Libertés, il a demandé l’accès à la liste des fichiers déclarés par Sanofi à propos des puces RFID. Il souhaite aussi accéder aux déclarations concernant la vidéosurveillance par des caméras 360 degrés – y compris dans les espaces de détente – et tout ce qui concerne la collecte de données personnelles. 

Cette affaire survient dans un contexte déjà tendu, en pleine négociation d’un plan social. En février, Sanofi, qui a pourtant engrangé 7,3 milliards de bénéfices en 2015, a annoncé la suppression de 600 postes par départs volontaires et, selon FO, des salariés sont licenciés pour défaut de performance. 

 

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