Cet article provient du site du syndicat de salariés FO
Communiqué de la Fédération des Employés et Cadres Force Ouvrière – Section Casinos et Cercles de Jeux
Force Ouvrière a adressé hier le message d’alerte suivant aux députés et sénateurs à la suite du projet de privatisation :
Vous travaillez actuellement, dans le cadre de la Loi Pacte, sur le projet de privatisation de la Française des Jeux.
Notre organisation syndicale a toujours milité en faveur d’une approche d’un jeu responsable et vertueux. Nous avons constamment considéré que les jeux d’argent n’avaient nullement vocation à devenir des produits de consommation courante, au regard des risques potentiels liés notamment à l’augmentation du nombre des addictions, et à l’accès de ces jeux aux mineurs.
En l’état actuel, les différents rapports annuels, tant de la Cour des Comptes que de l’Observatoire des Jeux démontrent, à l’évidence, que la situation actuelle est particulièrement préoccupante sur ces deux thématiques. L’absence totale de contrôle d’identité dans les points de vente physiques de la FDJ est en grande partie responsable de cette situation, tout autant que le déploiement de distributeurs en libre-service de tickets à gratter ou la possibilité de préparer ses jeux par flash-code.
Nous ne pouvons nous satisfaire de cette situation, qui démontre à l’évidence les lacunes de notre système actuel, puisque 30% des mineurs ont joué à des jeux d’argent en cours d’année. La banalisation du produit chez les jeunes, est un enjeu majeur de santé publique car elle génère les addictions de demain. Nous ne pouvons cautionner une telle philosophie purement mercantile qui s’affranchit de toute forme de contrôle efficace.
La privatisation va, de manière incontestable, entraîner une quête de rentabilité optimisée, ce qui présente un risque majeur à l’avenir. En effet, comment faire cohabiter de manière efficace une gestion économique exacerbée et une obligation de résultat sur de potentiels troubles à l’ordre public ? De plus, la privatisation est difficilement compatible avec le maintien d’un monopole strict, ce qui ne ferait que brouiller un peu plus la situation et contribuerait à une déstructuration totale du secteur.
Par ailleurs, le simple fait de privatiser entraînera également une concurrence accrue entre les différents acteurs du secteur de l’industrie des jeux d’argent. Ces pratiques commerciales agressives ne manqueront pas de déstabiliser un marché fragile et les équilibres entre les différentes filières qui le composent. Les casinos français sont le secteur le plus pourvoyeur d’emplois, et ce secteur ne saurait être pris en otage d’une telle situation. Les 15 000 emplois doivent être protégés.
Enfin, sachez que certains pays de la Communauté européenne ont opté pour une privatisation de leur loterie d’État. Comment considérer qu’une partie d’entre eux revienne sur ce principe, en reprenant une participation majoritaire dans leur capital ? C’est pour nous l’aveu que ces privatisations génèrent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent.
En conséquence, nous vous demandons de prendre la pleine mesure de cette situation afin de ne pas ouvrir la boîte de Pandore, déclenchant ainsi une série d’évènements dont vous supporteriez l’entière responsabilité.
Force Ouvrière restera vigilant sur l’évolution de ce dossier.