Cet article provient du site du syndicat CFDT.
L’accord pour la sécurité des usines de confection au Bangladesh suite à la tragédie du Rana Plaza arrive à terme en 2018. Les signataires s’engagent à le prolonger de trois ans. A ce jour, aucune marque française ne l’a signé. Le collectif Ethique sur l’étiquette et les sections CFDT des entreprises concernées vont se mobiliser à la rentrée.
Le 3 juillet dans la banlieue de Dacca au Bangladesh, une chaudière explosait dans une usine de confection. Elle provoquait la mort de 11 salariés et faisait une cinquantaine de blessés. Cette usine, Multifabs Limited, fabriquait des vêtements à destination des grandes marques occidentales. Ce fait divers n’est pas sans rappeler la tragédie du Rana Plaza qui avait fait 1 135 morts et 2 500 blessés le 24 avril 2013. Il n’est pas sans lien non plus. Depuis sous l’égide de l’OIT, un accord avait été signé par les grandes marques internationales de la confection, les centrales syndicales internationales de l’industrie et des services et leurs affiliées bangalaises, IndustriAll et Uni, et le gouvernement du Bangladesh.
Cet accord prévoit notamment l’inspection des usines de confection du pays par des enquêteurs et un fonds abondé par les industriels destiné aux travaux nécessaires à la mise en sécurité des usines. Depuis son entrée en application, l’accord a permis d’inspecter 1 800 usines sur les 4 000 unités dans lesquelles travaillent 2,5 millions de Bangalais et de résoudre 100 000 problèmes de sécurité (aménagement de sorties, installations électriques, rénovations des bâtiments, etc.). Multifabs était l’une d’entre elles. « Malheureusement, l’accord ne prévoyait pas l’inspection des chaudières, explique Nayla Ajaltouni, du collectif Ethique sur l’étiquette dont la CFDT est membre, elle devrait être intégrée sans tarder. »
La campagne « Clean clothes campaign » relancée à la rentrée
Par ailleurs, cet accord arrive à son terme en 2018. Les signataires sont d’ores et déjà sollicités pour le prolonger de trois ans. Le nouvel accord renforcera la liberté syndicale et le droit à la négociation collective. Il protégera mieux les salariés en cas de fermeture et pourrait être étendu aux usines de filature et de tissage. Le 29 juin, les premiers signataires se sont engagés sur son renouvèlement. A ce jour, 13 marques l’ont signé et huit autres devraient les imiter rapidement. « Aucune marque française n’a signé l’accord en ce début juillet, regrette Nayla Ajaltouni, la France n’a pas de grandes marques de distribution de vêtement mais Carrefour, Auchan, Casino, Décathlon, et quelques petits distributeurs de vêtements tels que Promod, Pimkie sont parmi les donneurs d’ordre qui font travailler les usines bengalaises. Nous allons relancer la campagne « Clean clothes campaign » à la rentrée pour mettre la pression sur ces entreprises qui ne voient la responsabilité sociale des entreprises que comme une stratégie marketting. »
De leur côté, les responsables CFDT de Carrefour et d’Auchan devraient se remobiliser à la rentrée en écho à cette campagne. « Nous étions intervenus fortement après l’incendie du Rana Plaza pour que notre direction signe l’accord, se souvent Guy Laplatine, délégué syndical central CFDT d’Auchan, elle avait décidé de participer au fonds financier en versant 1,5 million d’euros mais avait refusé de signer l’accord reconnaissant leur participation. Nous allons recommencer à la rentrée. » Idem chez Carrefour où la CFDT ne cesse d’interpeller la direction sur ces questions. « Lors de l’assemblée générale des actionnaires le 15 juin dernier, nous sommes intervenus sur le travail des enfants et la traçabilité des produits vendus par l’entreprise, souligne Thierry Babot, le délégué national CFDT pour les hypermarchés de la marque, nous relancerons la campagne à la rentrée. »
« Nous comptons bien nous appuyer sur la loi sur le devoir de vigilance adoptée en mars dernier pour relancer la campagne, assure Nayla Ajaltouni, et rappeler aux grands groupes qu’ils doivent mettre en œuvre des plans ambitieux de prévention des atteintes aux droits fondamentaux des salariés et à l’environnement causées par leurs activités. »