Alors que près de 2 100 salariés sont concernés par la fermeture des magasins ex-Dia, appartenant au groupe Carrefour, on apprend que la direction du groupe aurait tout fait pour écarter les offres de reprises.
Le couperet tombe pour Carrefour et les ex-magasins Dia : fermeture de 243 magasins sur 272. Seuls 195 salariés sur 2 100 seraient épargnés. Seulement, d’après des sources proches de l’affaire, la direction de Carrefour avait en main depuis plusieurs mois un plan de reprise beaucoup plus ambitieux. Une solution qui aurait pu sauver 152 magasins mais qui a été balayée d’un revers de main par la direction.
« Eviter le PSE, minimiser le coût des fermetures et sauver l’image de Carrefour«
C’est peu dire que le plan « carrefour 2022 » ne séduit pas tout le monde. Alexandre Bompard, PDG de Carrefour prévoit ainsi de prendre le virage du digital et d’investir 2,3 milliards d’euros en cinq ans. Mais dès l’annonce de ce plan, les premières polémiques faisaient leur apparition. Un plan de départ volontaire était proposé, les syndicats craignaient la suppression de 5 000 voire 10 000 postes.
Mais aucun « départ contraint » rassurait Alexandre Bompard en janvier dernier. Seulement, cinq mois plus tard, la donne aurait changé avec la fermeture de 243 magasins ex-Dia rachetés par Carrefour. Près de 2 100 postes sont ainsi menacés malgré un Plan de Sauvegarde de l’Emploi.
Décider & Entreprendre a pu consulter un premier mail écrit par un collaborateur du cabinet de notaire qui suit Carrefour, daté du 1er juin 2018, et adressé à la Fédération du commerce de la CGT. On y apprend qu’un plan de sauvetage de 152 magasins ex-Dia a été proposé à la direction de Carrefour. Plus loin, on y trouve la liste de tous les magasins concernés par cette potentielle reprise.
Seulement, l’auteur du mail précise aussi que ce plan de reprise ne pourra être mis sur pieds que si « un deal global est trouvé avec le groupe, et plus particulièrement sur des accords avec la centrale d’achat« .
Plus surprenant, cet email met directement en cause la direction de Carrefour. Cette dernière rechignerait à éviter le PSE. Pire, elle ferait tout pour qu’aucun plan de reprise ne voit le jour.
Nous sommes toujours dans l’attente d’un retour de la part d’Alexandre Bompard.(PDG de Carrefour)
Un cabinet de notaire tirait déjà la sonnette d’alarme !
Décider & Entreprendre a pu consulter un deuxième document qui émane du notaire Maxime Prestat. En date du 25 mai 2018, il alertait déjà la direction de Carrefour sur les conséquences de l’absence de repreneur manifeste pour les magasins ex-Dia. Mieux, le message précise que le plan de sauvetage de 152 magasins avait été proposé dès le 10 février 2018 !
Pourquoi Carrefour n’a-t-il pas évité ce PSE ? D’après une source proche de la direction, « Carrefour n’avait aucune volonté de céder les magasins à la concurrence« .
Ce qui est surprenant, c’est que Carrefour ferme ces magasins pour maintenir la compétitivité alors qu’ils ne sont pas déficitaires. Par exemple, il n’y a aucun magasin repris à Paris alors que le secteur est hyperconcurrentiel. Carrefour pratique simplement la politique de la terre brûlée.
Cette source nous affirme aussi que la communication entre la direction et les partenaires sociaux était plus que défaillante. « La direction ne communiquait pas sur de potentiels repreneurs. Impossible de savoir leur nom ou leur nombre. Ou même s’ils existaient vraiment…«
Nous avons cherché à joindre la direction de Carrefour. Pour l’instant, nos questions restent sans réponse.
En attendant, l’affaire n’est pas close pour autant. Le 22 juin prochain, la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi doit confirmer ou infirmer le PSE.