Être chômeur à l’étranger : l’Etat peut limiter l’indemnisation à 3 mois

Être chômeur indemnisé et vivre à l’étranger, c’est possible, mais pas éternellement. L’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) vient d’ailleurs de rendre un avis intéressant sur le sujet. 

L’avocat général s’est prononcé dans le cadre d’une affaire néerlandaise. Il s’agit d’un ressortissant chômeur et indemnisé par les services des Pays-Bas alors en recherche d’emploi en Suisse. Mais, à l’issue d’une période de 3 mois d’indemnisation qui est le minimum prévu par le droit européen (le maximum étant 6 mois), la prolongation du bénéfice des allocations chômage lui a été retiré. 

De contestation en contestation, l’affaire s’est retrouvée devant la CJUE avec une question simple : le règlement européen permet-il aux Etats membres de partir du principe que le délai d’indemnisation d’un chômeur au-delà de 3 mois n’a pas à être prolongé, sauf si les chances de retrouver un emploi sont démontrées ? L’avocat général pense que oui et justifie son propos. 

 

L’Etat membre peut refuser par principe de prolonger l’indemnité du chômeur

L’avocat général de la CJUE indique que le législateur européen permet aux Etats membres de définir eux-mêmes les modalités d’octroi, ou non, d’un délai supplémentaire d’indemnité pour chaque ressortissant chômeur vivant à l’étranger. 

Si cela peut générer des disparités entre les Etats membres en fonction de leur législation nationale, c’est une conséquence du droit européen qui ne doit pas être réparée en droit interne mais bien au niveau de l’Union européenne d’après l’avocat général. 

En conséquence, les Pays-Bas ont parfaitement le droit de partir du principe qu’un ressortissant chômeur vivant à l’étranger n’a pas à bénéficier du chômage plus de 3 mois. 

En revanche, l’avocat général précise que les modalités permettant exceptionnellement de bénéficier d’un prolongement des indemnités chômage doivent être clairement définies. Dans le cas des Pays-Bas, seul un chômeur qui démontre l’existence de perspectives concrètes et perceptibles d’emploi peut avoir droit à un prolongement de ses indemnités jusqu’à 6 mois maximum. 

En d’autres termes, les Etats tels que les Pays-Bas et la Grande-Bretagne peuvent continuer à mener une politique stricte en matière de couverture chômage de leurs ressortissants vivant à l’étranger. Ils sont parfaitement fondés à refuser d’indemniser plus de 3 mois un chômeur ne vivant plus sur le territoire national si celui-ci n’a aucune chance de retrouver un emploi. 

Reste la question de la définition des “perspectives concrètes et perceptibles d’emploi” qui soulèveront probablement un débat supplémentaire. 

Retrouvez l’intégralité des conclusions de l’avocat général en cliquant sur ce lien

Ajouter aux articles favoris
Please login to bookmarkClose
0 Shares:
Vous pourriez aussi aimer
Lire plus

[Best of 2024] Un Esat peut-il retarder éternellement la couverture santé de ses travailleurs ?

Article initialement publié le 05/12/2024 Cela n'aura pas échappé à nos lecteurs, la généralisation de la complémentaire santé aux travailleurs des établissements ou services d'aide par le travail (Esat) navigue encore en eaux troubles. Cette réforme est pourtant en vigueur depuis le 1er juillet 2024, mais quelques établissements auraient joué la montre en tentant de retarder au maximum son...
Lire plus

[Best of 2024] L’accord santé unifié ne plaira pas à tout le monde dans la CCN des commissaires de justice et sociétés de ventes volontaires

Article initialement publié le 11/12/2024 Les partenaires sociaux de la convention collective nationale (CCN) fusionnée des commissaires de justice et sociétés de ventes volontaires (IDCC 3250) ont enfin conclu leur accord santé. Cette signature intervient un an après l'entrée en vigueur du...
Lire plus

[Best of 2024] Loi Evin : comment traiter les CCN dont la cotisation santé est assise sur le salaire

Article initialement publié le 25/06/2024 L'article 4 de la loi Evin du 31 décembre 1989 est un pilier historique de la complémentaire santé collective. Grâce à lui, les anciens salariés d'une entreprise (voir le rappel ci-dessous) peuvent continuer à bénéficier de la même couverture santé que les salariés actifs. Cette couverture est maintenue à certaines conditions. L'une d'elle est centrale...
Armées
Lire plus

FO Défense dénonce l’accord PSC santé des Armées

Alors qu'au sein du ministère des Armées, la réforme de la protection sociale complémentaire (PSC) doit entrer en vigueur à partir du 1er janvier prochain, le sujet continue de susciter quelques débats paritaires en interne. La dénonciation par la fédération de FO de la Défense de l'accord PSC santé signé aux Armées vient en témoigner. C'est par le moyen d'un communiqué qu'elle a publié en milieu de semaine que FO...