Cette publication provient du site du syndicat de salariés FO
En ce 17 avril, les salariés d’Air France en sont à leur neuvième journée de grève depuis le 22 février. Après cette nouvelle journée d’actions, les trois catégories de personnels de la compagnie (pilotes, navigants commerciaux/PNC et salariés au sol) ont d’ores et déjà programmé trois autres dates de grève : les 18, 23 et 24 avril. Ce mouvement pour des augmentations de salaires -lesquels ont été bloqués pendant six ans (entre 2012 et 2018)- est toujours à l’appel de l’intersyndicale formée de dix organisations dont FO (pour les navigants commerciaux et les personnels au sol). La direction qui a enfin accepté de recevoir les syndicats sur la question des salaires les 13 et 16 avril fait une offre d’augmentation salariale pour 2018 toujours peu enthousiasmante. Elle propose aussi de négocier un accord salarial triennal ce qui a été rendu possible via les récentes ordonnances sur la réforme du code du travail. L’intersyndicale doit se prononcer d’ici le vendredi 20 avril.
Si la direction d’Air France a voulu jouer de surdité depuis février vis-à-vis des revendications salariales, la détermination des salariés à se faire entendre l’a contrainte toutefois à recevoir les syndicats.
Les organisations ont ainsi été reçues le vendredi 13 avril. Pour que les syndicats et la direction se retrouvent autour d’une table et que cette dernière commence à faire des propositions, il aura donc fallu huit journées de grève.
Pour un juste retour de leurs efforts
Cette nouvelle prise de contact (depuis le 4 avril, date à laquelle la direction était venue les mains vides) qui est un effet direct de la mobilisation est certes un premier point positif. Prudents, les salariés ont néanmoins maintenus les journées de grève qui avaient été programmées. Prudence judicieuse. Le 13 avril, les syndicats ont constaté en effet que la direction tentait une fois de plus une « stratégie reposant sur la division » entre syndicats. Elle a même « cherché à exclure une partie des représentants syndicaux » s’indignait l’intersyndicale. Peine perdue.
Initialement, en amont du conflit, la direction voulait imposer pour 2018 une augmentation générale de 1% et en deux temps (0,6% en avril puis +0,4% en octobre). Cette décision unilatérale était issue d’un accord salarial annuel (NAO) signé le 1er février avec deux syndicats (CFDT et CFE-CGC) mais rendu caduc depuis, d’autres syndicats dont FO ayant fait valoir leur opposition.
En demandant une augmentation substantielle des salaires les personnels d’Air France demandent un juste retour de leurs efforts (blocage des salaires, plans de restructuration) réalisés depuis des années. Ils soulignent par ailleurs que la compagnie affiche des bons résultats. Air France-KLM a en effet réduit sa dette en 2017 et affiche un bénéfice d’exploitation en hausse de 42% à 1,48 milliards d’euros (dont 588 millions d’euros pour Air France) contre 1,04 milliard un an plus tôt.
Une « proposition indécente »
Le 13 avril, après quelques journées de grève, la direction a proposé une augmentation générale des salaires de 2% pour 2018 et toujours en deux temps (+1,6% en avril et +0,4% en octobre). Elle y adjoignait une augmentation générale de 3,6% mais sur trois ans (2019-2021). Pour les syndicats, cette proposition était jugée irrecevable. Elle « vise à compenser uniquement 2% des 6% d’inflation perdus depuis 2012 ». La proposition qualifiée d’ « indécente » par les syndicats était donc bien loin de viser à compenser la perte de pouvoir d’achat des salariés.
L’intersyndicale a rejeté ainsi la stratégie consistant à vouloir « emmener » les syndicats « sur une négociation anticipée des NAO pour les années 2019 à 2021 avec l’objectif d’hypothéquer l’avenir salarial ». Ce 13 avril, de leur côté, les dix syndicats avaient transmis une proposition à la direction. Cela consistait à étaler sur l’année 2018 la hausse générale des salaires à hauteur de 6% demandée initialement.
L’intersyndicale demandait ainsi que venant s’ajouter à l’augmentation générale de 1% déjà acquise, la direction octroie une augmentation de 3,2% en avril et de 1,8% en octobre. Refus de la direction laquelle a fixé un nouveau rendez-vous aux syndicats le 16 avril.
Une modération salariale programmée sur trois ans…
Ce lundi 16 avril, à la veille d’une nouvelle journée de grève, les syndicats et la direction se sont donc retrouvés pour évoquer les salaires. L’intersyndicale a alors constaté que la direction visait toujours à « imposer un accord de modération salariale sur trois ans (2019-2020-2021). Un accord en trompe l’œil complètement déconnecté des multiples hausses d’inflation subies entre 2012 et 2018. La direction refuse de solder le passif cumulé jusqu’en 2018, comme si les salariés devaient supporter sur tout le reste de leur carrière le préjudice généré par ces années de blocage ».
Lors de cette rencontre, la direction a exprimé sa volonté de faire adopter ses propositions à travers un « ultime accord ». Cela tout en reconnaissant l’existence d’une « inflation glissante » de 3,8% de 2012 à 2017 et d’une inflation évaluée à 1,3% pour 2018 s’indignent les syndicats.
Les dix organisations représentatives ont fait une nouvelle proposition pour des augmentations de salaires. Cela « dans une recherche d’équilibre et d’écoute » rappellent-elles. L’intersyndicale propose une augmentation générale de 5,1% sur 2018 et en deux temps, soit +3,8% en avril et +1,3% en octobre prochain. L’acceptation de cette proposition par la direction serait de nature à permettre « une sortie de conflit » indiquent les syndicats annonçant qu’ils se réuniront le 19 avril pour définir de nouvelles dates de grèves.
L’application des Ordonnances travail…
La direction propose désormais une augmentation générale des salaires de 2% (en deux temps) pour 2018 et une augmentation générale triennale 2019-2021 de 1,65% par an. « La direction précise que ces augmentations ne seront possibles que si la compagnie fait des bénéfices et si le cash flow (le flux de trésorerie, Ndlr) est positif » fulmine Christophe Malloggi, le secrétaire générale de FO-Air France. Et de remarquer que « la direction se place dans le cadre des ordonnances de la loi Travail lesquelles permettant désormais de concevoir la négociation d’un accord salarial triennal ».
La direction qui qualifie sa proposition de « pacte de croissance pour l’avenir » a demandé aux syndicats de se prononcer sur son offre d’ici le vendredi 20 avril. « Ce sera fait » indique Christophe Malloggi soulignant le caractère contestable de la proposition faite par la direction.