Peu de temps après son annonce de ponctions financières importantes – de près de 12 milliards d’euros cumulés à l’horizon 2030 – sur les comptes de l’UNEDIC, le gouvernement envisage de s’en prendre de manière comparable à la retraite complémentaire des salariés du secteur privé, l’AGIRC-ARRCO.
D’après le Monde, qui cite la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, l’exécutif a fait savoir aux partenaires sociaux, en pleine négociation sur les paramètres de l’AGIRC-ARRCO pour les trois prochaines années, que s’ils devaient ne pas s’entendre sur une contribution à la revalorisation des petites pensions de retraite, il en viendrait à opérer des prélèvements annuels sur les comptes de la retraite complémentaire. Il aurait évoqué un montant de l’ordre de un à trois milliard(s) d’euros par an.
Comme dans le cas de l’assurance chômage, le gouvernement pourra justifier sa démarche en invoquant le fait que si les projections comptables et financières à moyen et long termes sont positives pour l’AGIRC-ARRCO, c’est du fait d’une réforme menée par l’Etat – la dernière réforme des retraites, en l’occurrence. L’AGIRC-ARRCO peut bien, dès lors, en retour remercier le gouvernement pour son action.
Il n’est toutefois pas certain que les partenaires sociaux entendront l’affaire de la même oreille. Déjà passablement irrités par la ponction annoncée sur les comptes de l’UNEDIC, ils ne vont sans doute pas accueillir favorablement cette nouvelle intervention étatique dans leurs affaires paritaires. En effet, elle vient contraindre fortement le budget de leur négociation en cours : soit par l’inscription à l’ordre du jour de la négociation d’une dépense qui n’était pas initialement prévue, soit par la perspective de ponctions financières importantes.